Conclusion de la partie 2 – Une clinique en tension entre justice sociale de redistribution et justice sociale de reconnaissance

La deuxième partie de cette thèse nous a permis de mettre en évidence qu’il existe, pour les cliniciens de la précarité, une graduation du processus de précarisation (d’« une souffrance qui aide à vivre » à « une souffrance qui empêche de souffrir, donc de vivre ») dont le degré de gravité augmente à la fois au fur et à mesure que l’on se déplace dans les atteintes liées à la misère (augmentation de la perte des propriétés sociales de l’individu), à la marginalité (augmentation de l’empêchement dans la créativité à agir) et au mépris (augmentation de l’impossibilité de prise de posture narrative), et aussi lorsque l’on se déplace (horizontalement de gauche à droite dans le schéma ci-dessus) de la misère vers le mépris.

L’étude de cette modélisation de la clinique de la précarité révèle, en même temps, des attentes normatives particulières pour chacune de ces atteintes. Comme le souligne Guillaume LE BLANC, « le misérable, mis en question dans ses avoirs fondamentaux, fait signe vers la justice sociale dont les différents garants institutionnels sont reconnus comme seuls susceptibles de produire une redistribution minimale des biens et des ressources. Le marginal, situé à la lisière des actions tolérées ou acculé à la passivité, attend à juste titre que la créativité de « sa » vie ordinaire soit prise en considération ou qu’elle soit envisagée comme un gage de son avenir. Enfin, l’homme privé de voix, méprisé, est en attente de reconnaissance. »492 Dans la clinique des parcours de vulnérabilité qu’ils tentent d’opérer, confrontés à ces différentes atteintes, les cliniciens de la précarité se retrouvent face à un dilemme qui oppose deux conceptions globales de la justice : la redistribution et la reconnaissance493.

Dans la première conception, il s’agit pour les cliniciens de lutter contre toutes les formes d’injustices socio-économiques, comprises selon Nancy FRASER, comme le produit de la structure économique de la société494. Ces injustices socio-économiques peuvent prendre les formes de l’exploitation - lorsqu’une personne voit les fruits de son travail appropriés par d’autres -, de la marginalisation économique - lorsqu’une personne est confinée à des emplois pénibles ou mal payés, ou lorsqu’elle se voit dénier l’accès à l’emploi -, ou du dénuement - lorsque la personne se retrouve sans plus aucun « objet social »495. Dans la pratique des cliniciens, ces injustices socio-économiques s’accompagnent d’un engagement en faveur de l’égalité de distribution, ce qui passe notamment par l’égalité d’accès aux supports cliniques de propriété et d’action496.

Dans la seconde conception, il s’agit de lutter contre toutes les formes d’injustices de type culturel ou symbolique, comprises comme le produit des modèles sociaux de représentation, d’interprétation et de communication497. Ces injustices culturelles ou symboliques peuvent prendre les formes, comme nous l’avons vu, de la domination culturelle - lorsque la personne est l’objet de modèles d’interprétation et de communication qui sont ceux d’un autre ou d’une autre culture, et qui sont étrangers ou hostiles à la sienne propre -, de la non-reconnaissance - lorsque la personne devient invisible sous l’effet de pratiques autoritaires de représentation, de communication ou d’interprétation de sa propre culture -, ou de mépris - lorsque la personne, l’étranger, est dépréciée par les représentations culturelles stéréotypiques ou dans les interactions quotidiennes -498. Dans la pratique des cliniciens, ces injustices s’accompagnent d’un engagement en faveur de l’égalité de reconnaissance, ce qui passe par la mobilisation de supports cliniques d’action et de narration499.

Ces deux conceptions, la redistribution et la reconnaissance, constituent un dilemme pour les cliniciens de la précarité, dilemme qui se donne à voir dans l’ambivalence qu’ils ont à se tourner soit du côté de la logique du projet, soit du côté de la logique des attachements. Les différentes formes d’intervention (orientation, adressage, expert ignorant, écologue) mises en évidence à travers l’étude des supports, montrent que ces deux régimes de justice sont bel et bien entremêlés, et ce, même s’ils ne sont pas compatibles simultanément. Nous avons vu, notamment pour la forme d’intervention de type expert ignorant, que les pratiques cliniques sont parfois traversées par une visée d’indépendance (logique du projet, agir stratégique) et d’autres fois traversées par une visée d’interdépendance (logique des attachements, agir tactique).

Par exemple, face à la dépossession et à la misère, les cliniciens de la précarité tentent de favoriser, via le recours à l’assistance, l’accès à des « avoirs » perdus. Cependant pour les cliniciens, l’assistance ne semble plus pouvoir offrir les conditions d’accès à ces « avoirs » perdus dès lors que la norme d’action qui la sous-tend est cadrée elle-même par une politique d’activation500. Ce positionnement se donne à voir également dans l’indignation qu’ils expriment face aux stratégies visant le deuil du travail et/ou le deuil du soin501. Ce qui est visé par cette indignation, et la critique de l’évaluation et des procédures qui l’accompagne (critique de l’impératif gestionnaire), ce sont les multiples dysfonctionnements d’une justice sociale qui peine à fournir les différents garants institutionnels susceptibles de produire à la fois une redistribution minimale des biens et des ressources à ceux qui sont dépossédés de tout, et de les prendre en charge selon le mode de l’ancien régime d’Etat providence (sans contrepartie d’activation). L’attente normative qui correspond à cette indignation est donc ici celle d’une justice sociale de reconnaissance. Elle est en prise d’un côté avec l’idéal normatif de l’Etat Providence - et la prise en charge de type assistanciel qu’il proposait, et, de l’autre, avec l’idéal d’activation de l’Etat social actif - et l’accompagnement par projets qu’il propose aujourd’hui. Dans la logique normative de l’Etat providence, le projet était porté par l’institution et ses agents via l’assistance qu’ils mettaient en œuvre pour le bénéficiaire/patient. Dans la logique normative de l’Etat social actif, ce projet doit être porté par la personne elle-même à travers l’accompagnement mis en place par les professionnels, ce qui devient quasiment impossible lorsque la personne souffre d’une problématique dont un des symptômes majeurs est d’être en « non-demande »502. Dans cette dernière logique, le projet risque alors rapidement, comme nous l’avons vu pour Emilio, de se transformer en une pratique autoritaire et assistancielle imposée à la personne (considérée dès lors comme « marginale », vis-à-vis de la logique du projet).

Dans cet exemple, le nœud du dilemme se situe dans la contrepartie de la nouvelle donne redistributive qui consiste à dire que l’individu doit s’inscrire dans un projet, ce qui sous-entend que ce dernier soit « consolidé » dans sa propre créativité à agir, par lui-même, via notamment les supports cliniques d’action. Il s’agit bien d’un dilemme car, en allant au bout de cette démarche de consolidation et d’autonomisation, l’attente normative n’est plus celle de la justice sociale redistributive, ni non plus celle du respect de l’agir créateur, il s’agit plutôt de celle de reconnaissance de sa prise de posture narrative (le « qu’est-ce qu’il veut lui ? » exprimé dans une réunion du Réseau Santé Mentale Précarité). On passe donc d’un projet support clinique d’action porté par une logique de redistribution à un projet support clinique d’action porté par une logique de reconnaissance. On ne distribue plus les projets pour répondre à une injustice d’ordre socio-économique, on tente de reconnaître le projet de la personne, comme un attachement, pour répondre à une injustice d’ordre culturel ou symbolique.

De manière générale, d’un côté nous avons des supports cliniques de propriété qui tendent vers une conception de justice sociale visant à plus de redistribution, et de l’autre, nous avons des supports cliniques de narration qui tendent vers une conception de justice sociale visant à plus de reconnaissance. Au milieu, on trouve les supports cliniques d’action qui véhiculent les deux conceptions.

Ce phénomène d’opposition entre ces deux conceptions de l’injustice, ainsi que le dilemme concernant leurs « remèdes » en termes de justice sociale, émergent de plus lorsqu’on observe la manière dont les expériences de la vulnérabilité sont caractérisées par les cliniciens de la précarité. La modélisation idéale typique de la clinique de la précarité, que nous venons de mettre en évidence, repose, en effet également, sur un éventail conceptuel de types de personnes en situation de précarité : les figures de la précarité du chapitre 4. Selon les cliniciens du CSMP, à une extrémité se trouve un groupe de personnes qui vivraient l’expérience de la misère à laquelle correspond un modèle redistributif de justice qui consiste à redonner les supports cliniques de propriété (visée de propriété, figure du pauvre, du miséreux). A l’autre extrémité, se trouve un groupe de personnes qui vivraient l’expérience du mépris auquel correspond une justice de la reconnaissance à travers un travail autour de supports cliniques de narration (visée de dignité, figure du sans-papiers, du « clochard »).

Concernant le premier groupe, celui des personnes en situation de précarité qui font l’expérience de la vulnérabilité liée à la misère, il semble que les cliniciens de la précarité pensent son existence principalement à travers une problématique d’ordre économique. Outre la situation des pauvres et des malades503, ils prennent souvent, pour illustrer la figure de la misère, l’exemple du travailleur pauvre504. Selon les cliniciens, les travailleurs pauvres tirent d’une activité économique un revenu qui ne permet pas d’asseoir les conditions matérielles de leur vie, tout en étant par ailleurs assurés de leur travail. Ils sont bien souvent maintenus à la frontière de la normalité sociale par la persistance de leur travail, même si ce dernier est bien souvent source d’angoisse liée à sa perte, et par là même à la perte de l’accès aux propriétés sociales fondamentales. C’est ainsi qu’aujourd’hui, l’on peut compter parmi les personnes en situation de précarité, les travailleurs qui n’ont plus les moyens de se loger, vivant en camping, dans des garages ou bien alternant nuits en voiture, dans des squats ou à l’hôtel505. Ils sont caractérisés, comme le souligne Guillaume LE BLANC, par le fait que « l’une au moins des assises sociales fondamentales est compromise alors que l’existence d’un travail les maintient pourtant dans le filet relatif de la normalité sociale. La précarité ici ne porte pas sur la marginalité puisque les actions d’une vie ordinaire considérées comme normales sont présentes, à l’exception de celles en rapport avec le support social manquant »506 : les supports de propriété. Dans ces conditions, l’injustice relève bien d’une problématique socio-économique : « Les travailleurs pauvres seraient la classe ouvrière d’aujourd’hui » précise une assistante sociale référente du CSMP507. Ainsi, la conception des cliniciens du CSMP repose sur le fait que les travailleurs pauvres correspondent à un groupe de personnes qui, dans une société capitaliste, vendraient leur force de travail dans des conditions telles que la classe capitaliste limiterait tout espoir de surcroît de productivité, hormis pour son propre bénéfice. « A Ferney-Voltaire, on nous a parlé d’une coiffeuse qui gagne 1300 euros par mois et qui n’arrive plus à se loger. C’est un cas de précarité de plus en plus fréquent dans le pays de Gex à cause des frontaliers notamment. » (Mr TABARY lors d’une réunion plénière, 28 avril 2006).Afin de dépasser l’exploitation des travailleurs pauvres, les cliniciens de la précarité vont alors mobiliser une lecture en termes d’économie politique de manière à modifier, en quelque sorte, la distribution classiste des coûts et des bénéfices. Ils font appel, par exemple, à toutes les aides (AAH, RMI, etc.) que la personne est en droit de posséder en fonction de sa situation. Dans la conception du clinicien de la précarité, une telle redistribution prend la forme de l’abolition de la structure de classes en tant que telle (« tout le monde y a droit » précise une assistante sociale référente du CSMP508). Nous voyons également là une des raisons de l’utilisation systématique de la catégorie de « personne ». Pour les cliniciens, il ne s’agit pas seulement de permettre aux personnes en situation de précarité de gagner économiquement parlant, mais aussi d’abolir, par la redistribution, toutes les catégories stigmatisantes. Il s’agit de dire que la dernière chose dont les personnes en situation de précarité aient besoin est la reconnaissance stigmatisante de leur différence. Une des façons de remédier à cette injustice socio-économique consiste alors pour le clinicien à faire disparaître les figures de la précarité en tant que groupe et de singulariser systématiquement les individus en les considérant en tant que personne. Ainsi pour les cliniciens du CSMP, « chaque ouverture de droits, chaque projet, chaque accompagnement est unique, car toute personne est unique » (une assistante sociale, référente du CSMP509).

Concernant le second groupe, celui des personnes en situation de précarité qui font l’expérience du mépris auquel correspond le remède de la reconnaissance, il relève, toujours à partir des travaux de Nancy FRASER, entièrement de la culture et du symbolique, par opposition à l’économie politique. Outre la situation des malades mentaux et des sans-papiers510, les cliniciens de la précarité prennent souvent, pour illustrer la figure du mépris, l’exemple de celui qu’ils appellent le « clochard », celui qui est l’objet de l’invisibilité sociale. La clochardisation ne s’enracine pas dans l’économie puisque les « clochards » sont disséminés dans toute la structure de classe de la société capitaliste, ils ne sont pas issus ou ne constituent pas une classe exploitée économiquement. Nous pourrions dire alors, en reprenant à notre compte les propos de Nancy FRASER, que « leur constitution en groupe est plutôt liée à [un mode de vie] méprisée, et est donc le produit de la structure d’évaluation culturelle de la société. Dans cette perspective, l’injustice qu’[ils] subissent relève intrinsèquement de la reconnaissance. »511 Les « clochards » sont victimes d’une construction autoritaire de normes empêchant une prise de posture narrative, voire qui la dénie, ce qui entraîne tout un ensemble de préjudices sociaux et moraux512. Assujettis à la honte, à la discrimination, au harcèlement, à la violence, à la restriction de leur droit, et au déni d’une égale protection, ils sont les sujets des dénis de reconnaissance. Certes, les « clochards » sont également les victimes d’injustices économiques graves mais, de manière générale, celles-ci relèvent plus d’une structure d’évaluation culturelle injuste. Le remède à cette injustice, par conséquent, est la reconnaissance, moins la distribution.

En définitive, lorsque les cliniciens ont affaire à des personnes en situation de précarité qu’ils rapprochent de l’idéal-type du miséreux, qui provoquent en eux des sentiments d’injustice sociale d’ordre socio-économique, ils vont faire appel à des supports de l’ordre de la redistribution qu’ils trouvent plutôt dans les supports cliniques de propriété et d’action. Lorsqu’ils ont affaire à des personnes en situation de précarité qu’ils rapprochent de l’idéal-type du méprisé, qui provoquent en eux des sentiments d’injustice sociale d’ordre culturel, au contraire, ils vont faire appel à des supports de l’ordre de la reconnaissance qu’ils trouvent plutôt dans les supports cliniques d’action et de narration. Entre ces deux extrémités, les cliniciens sont confrontés à des personnes en situation de précarité qui vivent dans la marginalité, et qui relèvent des deux modèles de justice simultanément. Les « marginaux » subissent des injustices qui relèvent à la fois de la structure économique (distribution économique injuste) et de la structure d’évaluation de la société (déni de reconnaissance). Ni les remèdes de l’ordre de la distribution, ni ceux de la reconnaissance ne suffisent à eux seuls, les cliniciens font appels aux deux.

Par conséquent, cette clinique de la précarité requiert des ajustements à la fois sur le plan de l’économie politique et sur le plan culturel et symbolique. Dans la mesure où les personnes en situation de précarité souffrent de deux types analytiquement distincts d’injustice, elles ont besoin de trouver, dans leur réseau d’adresses sanitaires et sociales, deux types analytiquement distincts de remède, la redistribution et la reconnaissance. Ces deux types de remède peuvent difficilement être appliqués simultanément puisque les formes d’intervention clinique véhiculent des conceptions de l’individuation différentes. Alors que la logique de redistribution tend à faire disparaître la misère en tant que telle (en comblant « la perte des objets sociaux » par exemple) en cherchant à rendre les individus autonomes par des technologies de responsabilisation (supports cliniques de propriété et d’action : contrat, projet, etc.), la logique de la reconnaissance valorise la singularité des individus en cherchant à les rendre autonomes par des technologies de l’attachement (supports cliniques d’action et de narration : projet d’expression de soi, entretien biographique, etc.).

♣♣♣

Notes
492.

LE BLANC G., (2007), op. cit, p. 103.

493.

Comme nous l’avons vu en introduction de ce travail, nous rappelons que la justice sociale que nous étudions est celle des cliniciens de la précarité. Il s’agit de comprendre en quoi, en partant de leur constat selon lequel la société a des aspects injustes, les cliniciens demandent-ils que ces injustices soient corrigées via le traitement clinique de la précarité qu’ils opèrent. Nous avons évoqué le dilemme redistribution/reconnaissance à plusieurs reprises dans les chapitres 4 (4.I, 4.III) et 5 (5.I.2, 5.I3, 5.II.2, 5.II.3, 5.III.1).

494.

FRASER N., (2005), op. cit, p. 16.

495.

Cf. supra chap.4.I.Le cadrage clinique des pauvres et des malades : misère et dépossession (de soi) et chap.4.II.Le cadrage clinique des jeunes et des personnes âgées : marginalité et empêchement d’agir.

496.

Cf. supra chap.5.I.Les supports cliniques de propriété et chap.5.II.Les supports cliniques d’action.

497.

FRASER N., (2005), op. cit, p. 17.

498.

Cf. supra chap.4.III.Le cadrage clinique des malades mentaux et des sans-papiers : mépris social et posture narrative impossible.

499.

Cf. supra chap.5.II.Les supports cliniques d’action et chap.5.III.Les supports cliniques de narration.

500.

Cf. supra chap.3.III.2.La non-demande : une mise à l’épreuve de la logique du projet.

501.

Cf. supra chap.4.Le cadrage clinique des atteintes relatives à la précarité : misère, marginalité, mépris.

502.

Cf. supra chap.3.III.2 et 4.I.Le cadrage clinique des pauvres et des malades : misère et dépossession (de soi).

503.

Cf. supra chap.4.I.Le cadrage clinique des pauvres et des malades : misère et dépossession (de soi).

504.

Les éléments de terrain qui suivent sont extraits du cahier de notes personnelles à partir de différentes réunions des groupes de travail concernant la mise à jour de la Charte du CSMP. Septembre à décembre 2007.

505.

Extraits du cahier de notes personnelles à partir d’une observation impliquée effectuée au 115 de l’Ain. Avril 2007.

506.

LE BLANC G., (2007), op. cit, p. 104-105.

507.

Extrait du cahier de notes personnelles. Réunion plénière du 28 avril 2006.

508.

Idem.

509.

Idem.

510.

Cf. supra chap.4.III.Le cadrage clinique des malades mentaux et des sans-papiers : mépris social et posture narrative impossible.

511.

FRASER N., (2005), op. cit., p. 24.

512.

Cf. supra chap.4.III.