VIII. Extrait du courrier adressé par le médecin d’ « Epidaure » au Dr DUCHEMIN

Nous n’avons pas pu avoir ce courrier. Celui-ci nous a été lu par le docteur DUCHEMIN lors de notre entretien.

‘« Emilio a été hospitalisé depuis le 2 juin 2006 pour la première fois au CPA, sachant que ce patient était surtout connu des services de Fleyriat pour des séjours très répétitifs au niveau des urgences dans le cadre d’alcoolisation mais aussi de recherche d’hébergement sachant qu’il n’avait plus aucune place dans quelconque foyer sur Bourg en Bresse suite à l’arrêt de la halte de nuit de Tremplin. Nous avons très rapidement pris conscience que ce patient mettait très souvent en échec les différents projets effectués pour lui, dans un mécanisme relativement projectif alors qu’il était pris en charge dans le cadre de son RMI par Tremplin, de manière relativement agressive, tantôt au niveau de la halte de nuit que de la halte de jour mais aussi au centre d’alcoologie où il était bien connu par le directeur. Par ailleurs, les services sociaux de Fleyriat s’étaient mobilisés de manière massive à son propos afin de tenter de trouver des solutions au niveau social. Divorcé depuis de nombreuses années, il a mis à distance ses trois filles, et se trouve dans une situation répétitive d’échec, tant au niveau social qu’au niveau des rechutes éthyliques, malgré les aides qu’il a pu avoir au niveau médical. Le tableau présenté à son arrivée nous paraissait relativement inquiétant, notamment au niveau biologique, mais il a pu très rapidement récupérer de manière satisfaisante nous faisant éliminer une problématique encéphalopathique. Il demeure dans une très bonne adaptation institutionnelle sans aucune conflictualité, et dans un registre que n’ont pas connu les différents services d’urgence de Fleyriat ni même la halte de nuit, de part l’abstinence totale depuis plus d’un mois. Il n’y a aucune recherche d’alcool à partir de notre service et plutôt un bon contact avec l’ensemble des autres patients, ainsi qu’avec les soignants. Ce qui nous laisse penser la reconstruction d’un projet plus cohérent que les autres tentatives faites, même si nous avons tenu compte de tous les efforts effectués par les partenaires sociaux depuis de nombreux mois, voire quelques années, au niveau de Bourg et d’Oyonnax. A ce jour, le projet s’oriente sur la nécessité de reprendre les contacts avec le centre d’alcoologie par l’intermédiaire du directeur pour qu’il puisse faire à nouveau le bilan de ce patient mais aussi surtout mettre en place une mesure de protection des biens, et le faire sortir du système RMI en demandant la mise en place d’une AAH. Un projet social est en train de se structurer, probablement sur Bellegarde avec l’aide de partenaires sociaux dans la possibilité d’orientation. Demande faite auprès de la résidence sociale des Lilas Fleuries, structure qui dépend d’Alpha 3 A, pour lequel il avait été attendu à une période pour une éventuelle admission mais n’avait pas pu s’y rendre étant dans un statut de SDF et ne pouvant honorer les RDV préalables. Le fait d’avoir pensé à ta structure est lié à sa très bonne adaptation à la vie communautaire qu’il a pu montrer sur le service, grande facilité de liaison avec les autres patients, mais aussi dans les temps occupationnels bien maigres que nous pouvons avoir. Il me semble important de continuer à travailler ce côté cognitif chez ce patient, qui n’est pas très déficitaire, malgré notre inquiétude préalable, ce qui pourrait être un gage d’orientation ultérieure sur la structure de Bellegarde.
Nous sommes, bien entendu, comme tu le sais, en grande difficulté pour maintenir sa place dans l’unité mais nous tenterons de le réhospitaliser s’il y a des soucis, et nous continuons le travail social à la sortie de ton unité, avec les partenaires sociaux de Fleyriat et l’intervention du directeur du centre d’alcoologie. Un élément favorable par ailleurs, le fait que sa famille et notamment certaines de ses filles ont rétabli des liens plus cohérents. Notre assistante sociale nous indique que les délais d’attente dans votre établissement sont probablement très éloignés, pas avant début septembre. Il me parait néanmoins souhaitable d’insister sur la nécessité de donner une chance à ce patient pour lequel un travail pluri-partenarial s’est effectivement mis en place au regard des difficultés posées. »’