1.1 Les origines de la métropolisation

Jusqu’au milieu du 19ème siècle, trois facteurs principaux empêchaient le déclenchement du processus d’agglomération (Bairoch, 1997 ; Duranton, 1999 cité par Huriot, Bourdeau, 2005). Premièrement, les coûts de transports étaient élevés, ce qui rendait cher l’acheminement des produits agricoles et industriels à la ville et surtout limitait l’aire de marché de la ville. En fait, la grande majorité des déplacements s’effectuaient à pieds et la ville se présentait sous une forme resserrée et dense. Deuxièmement, la présence d’un nombre restreint de firmes contrôlant la production et les prix limitait fortement la concurrence et l’innovation. Enfin, les rendements très faibles de l’agriculture et la quasi-absence de coûts fixes (rendements non croissants) au sein de l’industrie constituaient un frein à la croissance économique. L’ensemble de la production était dispersé sur tout le territoire de la ville, cette dernière ne contrôlant qu’une petite partie de l’économie de sa région. Cependant, les plus grandes villes commençaient à exporter des biens de luxe, et comme ces derniers exigeaient une certaine logistique de transport (sécurité, acheminement), des activités de coordination telles que la finance, l’assurance et les services juridiques se sont installées en centre-ville.

Lors de la première révolution industrielle, l’apparition des rendements croissants et la baisse des coûts de transports ont accéléré le phénomène de métropolisation. Les diverses améliorations technologiques ont permis aux industries d’augmenter la part de leurs coûts fixes dans leur production et d’augmenter leur taille. L’apparition d’axes de transports ferroviaires a permis d’abaisser les coûts de transports et d’étendre le territoire économique de la ville.

La seconde révolution industrielle va encore amplifier le phénomène de concentration-dispersion propre au phénomène de métropolisation. En effet, le coût généralisé de transport va fortement baisser avec l’apparition de la voiture et des grandes voies rapides, puis avec l’apparition des technologies de l’information et de la communication. Cela engendrera notamment une séparation des fonctions de coordination et d’exécution au sein des entreprises. Les grands centres des métropoles seront les sièges des multinationales et des services tertiaires supérieurs destinés aux entreprises.

Ainsi, on pourrait interpréter l’origine de la métropolisation comme une conséquence de l’accélération de la baisse des coûts de transports.