1.2 La métropole impacte la nature des fonctions et les modes d’organisation des entreprises dans son développement

Avant la période des Trente Glorieuses, les métropoles régionales se distinguaient par la présence de services tertiaires essentiellement destinés à la population (commerces, services aux particuliers et services publics). Cependant, au cours des années 60, la baisse des coûts de transport, l’amélioration des moyens de communication et l’augmentation des revenus ont engendré une forte périurbanisation de la population, soit en périphérie des métropoles, soit au sein des villes moyennes environnantes. Par conséquent, les activités tertiaires destinées à la personne ont également dû se localiser à proximité de la clientèle. Afin de garder leur spécificité et leur rôle de moteur économique, les métropoles ont développé des activités tertiaires supérieures, plus spécialisées (conseils juridiques et financiers) et des activités culturelles (cinémas, théâtre, opéra, musées). Les services non marchands liés à la formation, la recherche et la présence de grands établissements publics (universités, hôpitaux) ont également connu un essor considérable (Buisson, 1999). Les métropoles ont donc dans un premier temps renforcé et spécialisé leurs fonctions centrales.

Comme mentionné plus haut, le processus de production des entreprises s’est considérablement modifié ces dernières années. Il a été caractérisé notamment par la diversification, la dématérialisation et la personnalisation, le tout avec une exigence de qualité croissante. En somme, l’entreprise doit faire preuve d’un maximum de flexibilité dans sa production (Ascher, 1995). En fait, le système de production fordiste qui consiste à produire de manière standardisée un produit à grande échelle n’est plus adapté au contexte très changeant de la métropole. Les entreprises sont contraintes d’adapter en temps réel leur production aux nouvelles demandes. Pour y répondre efficacement, les firmes fonctionnent de plus en plus à flux tendus et externalisent leurs activités. Beaucoup de services aux entreprises se sont ainsi développés ces dernières années, au point que les métropoles sont devenues des villes d’intermédiation (Damette, 1994). Les entreprises tendent de plus en plus à externaliser une partie de leurs activités à des intermédiaires pour gérer certains aspects relatifs à leur organisation. Dans le cas particulier de l’intermédiation financière, les firmes font appel aux banques pour trouver les fonds nécessaires à leurs projets d’investissement. De nouveaux secteurs d’activités prennent donc naissance au sein des métropoles : il s’agit surtout des services financiers, des commerces non alimentaires, des transports et des services de télécommunications.

La métropolisation est aussi alimentée par le phénomène de mondialisation. Cette dernière se caractérise par la constitution d’un réseau économique mondial au sein duquel circulent librement des capitaux, des biens et des personnes (Appert, 2004). Pour les métropoles, cela a pour conséquence la diversification des débouchés des grandes entreprises et l’agrandissement de leur aire de marché. Les grandes entreprises importent et exportent de plus en plus à l’international. Ce mouvement a entraîné un fort développement des activités du tertiaire supérieur. Les activités de services aux entreprises, c'est-à-dire essentiellement des cabinets d’études et de conseil, aident les entreprises régionales à se développer vers l’international. Le rôle de ces services est essentiel : trouver à l’international des nouvelles ressources nécessaires au développement de la firme et lui donner accès à des nouveaux marchés. Ils jouent le rôle d’intégrateur de la métropole régionale au sein de l’économie mondiale. Quelques services supérieurs aux entreprises ont connu une forte croissance depuis les années 1970 (Aguilera et al. 1999), notamment les services high-tech (conseils en gestion, services informatiques) et multimédia (imprimerie et édition, production et diffusion de contenus sur des supports tels que la radio ou la télévision). Les autres services, même s’ils se sont moins développés, se sont surtout spécialisés dans le domaine international (finances, assurances et immobilier) afin d’aider les entreprises à exporter leur production et à s’adapter sans cesse à l’évolution du contexte international. Les activités de transports se sont considérablement développées pour faire face à une demande mondialisée. L’exportation de la production a conduit à la mise en place de plateformes et de réseaux logistiques très complexes pour acheminer les marchandises. Les métropoles se sont dotées de grands aéroports afin de maximiser leur accessibilité à l’international. Par exemple, en France, le trafic aérien a été multiplié par 24 entre 1960 et 2000 (Orfeuil, 2004).