Chapitre II. Evaluation de la durabilité du système de transports

Un système de transports peut être qualifié de durable s’il intègre de manière équilibrée les trois dimensions du développement durable. Jusqu’à récemment, dans l’approche actuelle proposée en socio-économie des transports, la dimension économique occupait encore une place prépondérante et la rentabilité financière à court terme était souvent le seul critère pris en compte dans les choix d’investissements (Bonnafous, Masson, 1999). Même si la tendance s’est améliorée depuis, avec l’adoption de la Loi Grenelle 2, le manque d’outils techniques d’évaluation des dimensions environnementales et sociales des projets pose toujours des difficultés.

Notre objectif dans ce chapitre est de montrer que le système de transports actuel n’est pas durable selon les trois dimensions classiquement évoquées dans la notion de développement durable, à savoir l’économique, l’environnemental et le social.

Sur les deux premiers aspects, nous mobilisons les outils théoriques apportés par la théorie néoclassique pour montrer que le système de transports ne répond pas aux conditions d’optimalité d’un point de vue économique et environnemental. Après avoir pointé les insuffisances des outils de la théorie microéconomique à appréhender certains aspects sociaux de la mobilité (inégalités), nous utilisons les cadres théoriques de la justice sociale dessinés par Rawls (1971) et Sen (1992) pour montrer les lacunes du système de transports sur la dimension sociale de la mobilité. Ces éléments permettent de conclure que le système de transport, considéré du point de vue de la mobilité quotidienne des ménages, n’est pas durable.

Suite à ces considérations d’ordre général, le cas des agglomérations françaises est ensuite développé. L’évolution du système de transports en France ces dernières années ne s’est pas réalisée dans le sens d’une amélioration de sa durabilité. On peut même affirmer qu’elle s’est globalement dégradée sur chacune des trois dimensions. Sur le plan économique, les grandes métropoles ont connu des problèmes de congestion croissants et des dépenses financières plus importantes à cause du fort développement des infrastructures routières et de la généralisation de l’usage de la voiture (STIF, 2005). Sur le plan social, des inégalités persistent au niveau de l’accès à la voiture et des inégalités de dépenses de transport consacrées par les ménages (Orfeuil, Polacchini, 1998 ; Paulo, 2006). Enfin, sur le plan environnemental, ce sont surtout les questions de pollution à l’échelle globale et locale qui sont les plus préoccupantes (Nicolas et al. 2001, DEED de Lille, 2009).

Enfin, diverses mesures sont proposées afin d’améliorer la durabilité du système de transports. Nous soulignons à cet effet la pertinence des mesures d’aménagements, c’est-à-dire celles consistant à modifier la forme urbaine pour obtenir une mobilité urbaine plus durable.