1.1 Le cadre général de l’approche néoclassique

Dans la théorie néoclassique, le marché est l'unique endroit où se rencontrent l'offre et la demande (consommateurs et producteurs) et où s'échangent les biens et les services. C'est le lieu de formation des prix issus de la confrontation entre offre et demande. C'est en fonction de ces prix que les consommateurs vont définir leur panier de biens, et les producteurs la quantité qu'ils produisent. Le fonctionnement de ce marché est régi par les lois de la concurrence pure et parfaite :

  • Atomicité : il existe un très grand nombre de producteurs et d'acheteurs, si bien qu'aucun ne peut influencer le marché, au niveau des prix ou des quantités échangées. Tous les agents économiques se trouvent en situation de « preneurs de prix ».
  • Libre entrée ou sortie : aucun obstacle ne s'oppose à l'entrée ou à la sortie des producteurs et acheteurs. Par exemple, un producteur est tout à fait libre d'entrer sur le marché en proposant la quantité et le prix qu'il souhaite, sans qu'il ait à supporter un coût ou un temps d'attente. On dit aussi que le marché est fluide.
  • Homogénéité : Sur un marché donné, le produit doit être homogène c'est-à-dire qu'il est le même pour tous les consommateurs. Seul le critère du prix fait la différence.
  • Transparence : toute information relative au marché, en particulier les prix des différents biens, est gratuite et instantanément accessible aux producteurs et consommateurs.
  • Les facteurs de production sont parfaitement mobiles. Par exemple, cela signifie qu'un individu peut offrir la quantité de travail qu'il souhaite et de préférence au sein de l'entreprise qui propose le meilleur salaire.

Dans ces conditions, la théorie néoclassique montre qu'à l'équilibre partiel (un seul marché), comme le prix est une donnée, l'ensemble des consommateurs (la demande) va égaliser l'utilité marginale de la dernière unité achetée au prix du marché, l'ensemble des producteurs (l'offre) va égaliser le coût marginal de la dernière unité produite au prix du marché. À ce point de rencontre entre la courbe d'offre et la courbe de demande, la quantité de biens consommée et produite maximise le surplus de la société, et correspond à une allocation optimale des ressources. Dans le cas de deux biens, nous avons la double égalité : Umx/Umy = Cmx/Cmy = Px/Py avec x et y les deux biens, Um l’utilité marginale, Cm le coût marginal et P le prix des biens. La théorie néoclassique a ensuite cherché à prouver l'existence d'un équilibre général, c’est-à-dire un état d'équilibre sur tous les marchés.

Léon Walras (1874) fut le premier à poser clairement le problème en montrant que l'équilibre général se traduisait par un système comportant autant d'inconnues que d'équations. Les conditions nécessaires à l'existence d'une solution ont été identifiées par Arrow et Debreu en 1950. Cependant, ces dernières sont très restrictives, notamment la rationalité du consommateur, la concurrence pure et parfaite et l'absence de coûts fixes. Par conséquent, l'équilibre général est irréalisable en pratique. Il constitue cependant, selon les néoclassiques, un « idéal » vers lequel il faut tendre.