3.1 Le développement des agglomérations françaises dans le contexte de la métropolisation

L’aire d’influence des grandes métropoles françaises de province s’est progressivement accrue ces dernières décennies. Au cours des années 50, les métropoles de province étaient le lieu de la centralité, elles alimentaient et utilisaient les ressources des villes environnantes. A cette échelle, l’organisation était conforme au modèle hiérarchique élaboré par Christaller (1933). Elles entretenaient des relations verticales avec les autres villes environnantes de la région et il n’existait pas de relations horizontales entre les différentes villes secondaires, chacune étant plutôt spécialisée dans un secteur particulier. Même si les métropoles avaient vocation à couvrir des domaines d’activités diversifiés, elles conservaient tout de même une spécificité dans le domaine productif. Ainsi, le trio Lille-Roubaix-Tourcoing possédait une forte tradition industrielle, Lyon et Grenoble étaient plutôt spécialisées dans le textile et la chimie. Cependant, le développement de ces grandes métropoles de province était fortement pénalisé par la prédominance de Paris qui concentrait une grande partie des fonctions économiques majeures. Les autorités françaises ont rapidement pris conscience qu’il fallait rééquilibrer le développement économique sur le territoire.

A partir des travaux de J. Hautreux et M. Rochefort (1965), la Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale (DATAR) a sélectionné huit métropoles d’équilibre afin de contrebalancer la suprématie parisienne. Parmi ces agglomérations figuraient notamment Lille, Lyon et Marseille. Profitant de la conjoncture économique particulièrement favorable de la période des trente glorieuses, l’Etat a massivement investi dans le développement économique de ces métropoles. Progressivement, ces dernières ont bénéficié d’importants équipements administratifs, culturels et d’enseignement renforçant leur pouvoir local et régional. L’Etat a également développé une forte politique de construction d’infrastructures de transports afin d’améliorer l’accessibilité à ces métropoles et notamment aux nouvelles fonctions économiques dont elles bénéficiaient. Cela a contribué à attirer des grandes entreprises et à favoriser leur développement. Si certaines métropoles se développaient de manière assez diversifiée, d’autres se sont spécialisées dans certains secteurs de portée mondiale. Par exemple, Toulouse s’est spécialisée dans le domaine de l’aéronautique, Strasbourg s’est vue attribuer les premières institutions européennes, notamment le Conseil de l’Europe. La politique engagée par l’Etat a permis aux métropoles d’équilibre de conforter leur rôle de capitales régionales afin de concurrencer Paris sur certains secteurs économiques. Cependant, l’agglomération parisienne reste toujours très influente sur le territoire français, notamment en terme démographique, ce qui souligne un échec relatif de la politique de rééquilibrage.

Pour conclure,la politique actuelle de développement des anciennes métropoles d’équilibre suit une logique européenne tendant à favoriser un rayonnement tourné vers l’international (Roger, 2007), afin de se situer au « sommet d’une structure de relations parcourues par des flux réels, financiers ou culturels, à plusieurs échelles spatiales : régionale, nationale, européenne et mondiale » (Puissant, 1999, p. 29). Les métropoles se sont donc développées et ce développement a conduit à un étalement de celles-ci.