3.2 Le phénomène d’étalement urbain, forme de la croissance urbaine des grandes agglomérations françaises

Que ce soit en France ou ailleurs, la tendance majeure de la croissance urbaine mise en évidence par de très nombreuses études empiriques est l’étalement urbain. L’IFEN (2007) constate qu’entre 1962 et 1999, la population métropolitaine s’est accrue de 12 millions d’habitants répartie en une croissance de la population urbaine de 8 millions d’habitants et une croissance de la population périurbaine de 4 millions d’habitants. Ces seuls chiffres montrent que non seulement les villes accroissent leur poids économique mais aussi qu’elles s’étendent de plus en plus sur leur l’espace périurbain.

L’étalement urbain des villes européennes, comme des villes américaines, peut être caractérisé par plusieurs phénomènes.

En premier lieu, la périurbanisation correspond à « un peuplement diffus dans les zones rurales à proximité des agglomérations urbaines » (Le Jeannic, Vidalenc, 1997). L’étalement est ici vu comme un mitage des espaces périphériques à la ville c’est-à-dire une urbanisation qui s’étend de manière continue en périphérie des villes (Ewing, 1997).

Puis est ensuite venu le phénomène de suburbanisation qui se manifeste par une croissance plus importante des emplois et de la population en périphérie qu’au centre (Boiteux-Orain, Huriot, 2002). Cependant cette urbanisation des zones périphériques ne s’est pas faite de manière continue autour de la ville mais aussi sur une échelle beaucoup plus large, jusqu’au sein de zones rurales éloignées du centre-ville.

C’est ainsi que certains auteurs ont évoqué le phénomène de rurbanisation, diffus (Maret, 2003), discontinu (Quintin, 1998), éparpillé (Bauer, Roux, 1976), dilué (Prud’homme et al. 2002) rendant parfois difficile la caractérisation même d’espaces situés à mi-chemin entre l’urbain et le rural. La croissance du périmètre urbanisé des métropoles a eu pour conséquence une vaste urbanisation à faible densité sur les terres agricoles environnantes (EEA, 2006). Cette croissance s’est effectuée de manière hétérogène, dispersée, discontinue,

Certains parlent même d’urbanisation en saute-mouton (« leap-frogs development » ; Ewing, 1997 ; Burchell et al. 1998; Von Hoffman, Felkner, 2002).

L’étalement est donc vu comme un agrandissement du territoire urbain s’accompagnant d’un usage moins intensif du sol en périphérie (urbanisation à faible densité). C’est un développement de zones résidentielles de faibles densités en périphérie (Barcelo, 1999).

Deux étapes essentielles peuvent être distinguées dans ce processus. Jusqu’à 1975, la plupart des villes ont continué à densifier leur centre mais les banlieues ont commencé à enregistrer un fort taux de croissance. Entre 1975 et 1990, on a assisté à un vaste mouvement de périurbanisation qui s’est manifesté par un débordement de la ville sur les zones rurales. Le plus souvent, ce processus de périurbanisation s’est fait au détriment des centres villes et parfois des banlieues, lesquelles gardent toutefois, contrairement aux Etats-Unis, un rôle important.