4.3.b La mobilité et les distances parcourues quotidiennement progressent…

On peut appréhender l’étude de l’évolution de la mobilité en France en la distinguant en trois catégories (Madre, Maffre 1997 ; Orfeuil, 2000a ; Orfeuil, Soleyret, 2002) : la mobilité locale de semaine et de week-end (déplacements dans un rayon de moins de 100 km autour du domicile), les autres déplacements courts (déplacements de moins de cent kilomètres en dehors du cercle autour du domicile) et la mobilité longue distance (déplacements de plus de 100 km sortant du cercle autour du domicile). La distinction entre la mobilité locale et longue distance suppose de définir le territoire urbain sur lequel se trouve la mobilité locale. Le territoire urbain renvoie généralement à l’idée d’une ville dense caractérisée par la continuité du bâti. Or le phénomène d’étalement urbain a produit aux extrémités des agglomérations des vastes territoires faiblement denses, dilués, ce qui peut nous amener à nous interroger sur la limite entre l’urbain et le non urbain. Les évolutions récentes des périmètres des enquêtes ménages déplacements prennent en compte des déplacements de plus en plus longs, comme c’est le cas avec la dernière E.M.D de Lyon réalisée en 2006. Dans cette enquête, on constate la présence de quelques déplacements de plus de 100 km qui rendent compte de la croissance de la mobilité quotidienne associée à l’extension des aires urbaines.

Les travaux de Madre et Maffre (1997) montrent que le nombre de déplacements et les distances parcourues ont globalement augmenté entre 1982 et 1994 (tableau II-3) :

Tableau II-3 : évolution des différents types de mobilité mécanisée entre 1982 et 1994
  évolution de la mobilité par personne et par semaine
  nombre de déplacements Distance (% voy-km)
mobilité locale de semaine 18% 45%
mobilité locale de fin de semaine 6% 23%
mobilité longue distance - 82%

Source : tiré de Madre et Maffre, 1997, p. 15 et de Orfeuil, 2000a, p. 68

L’évolution globale et importante des distances est cependant contrastée selon le type de mobilité : si l’on on note une évolution similaire pour la mobilité locale et de weekend, on constate une explosion des déplacements longue distance (82 %).

Des chiffres plus récents (Hubert, 2009) montrent que le nombre de déplacements réalisés quotidiennement stagne dans les territoires ruraux ou faiblement urbanisés et baisse dans les grandes agglomérations (- 5 %), entre 1994 et 2008. Sur cette même période, les distances parcourues quotidiennement continuent d’augmenter (+ 12 %) en dehors des grandes agglomérations, mais baissent (- 5 %) au sein de ces dernières. D’autre part, les dernières enquêtes ménages montrent une baisse de la mobilité en voiture de 7 points à Strasbourg, de 5 points à Toulon et de 4 points à Bordeaux (Guidez, 2010).