5.1.a Evolutions des émissions de CO2 dans les agglomérations

Au-delà des augmentations globales d’émissions observées, ce sont les évolutions d’émissions de CO2 au sein des grandes agglomérations qui importent, et surtout les différences spatiales observées. Récemment, on a observé une stabilisation des émissions de CO2 au centre des agglomérations de Lille (D.E.E.D de Lille, 2009) et de Lyon (Nicolas et al. 2009). En revanche, les émissions continuent de croître dans les espaces périphériques. Les différences d’émissions observées au niveau spatial révèlent des grandes disparités.

Les calculs d’émissions que nous avons réalisés à partir des enquêtes ménages de Lille en 1998 et de Marseille en 1997 (Vanco, 2008 ; Vanco, Verry, 2009) fournissent les résultats suivants :

Illustration II-2 : émissions annuelles de CO2 (kg) moyennes par ménage (moyennes aux secteurs de tirage), mobilité quotidienne et de week-end
Illustration II-2 : émissions annuelles de CO2 (kg) moyennes par ménage (moyennes aux secteurs de tirage), mobilité quotidienne et de week-end

Sources : réalisation de l’auteur à partir des E.M.D. de Marseille (1997) et de Lille (1998) pour les besoins de la thèse

Il ne s’agit pas ici de comparer les deux agglomérations car les périmètres sont trop différents. Néanmoins, l’illustration II-2 permet de mettre en évidence le rôle de la distance au centre pour les émissions de CO2 (notamment en zone périurbaine pour l’E.M.D de Marseille) et celui des pôles. Comme le périmètre d’étude autour de la ville de Lille est restreint, les émissions moyennes de CO2 par secteur de tirage sont assez faibles. On remarque cependant l’effet modérateur des pôles de Roubaix et Tourcoing. Ces pôles sont indépendants du centre (Bouzouina, 2008) et polarisent une partie des déplacements de leurs résidents, ce qui explique les émissions de CO2 plus faibles dans ces zones. Cependant, pour la ville de Roubaix, il y a certainement un effet revenu jouant dans le sens d’une moindre utilisation de la voiture, d’où l’importance de décorréler les différentes variables explicatives des émissions de CO2.

Le périmètre de l’E.M.D de Marseille en 1997 correspond quasiment à l’aire urbaine associée en 1999. On constate que les territoires se situant en zone périurbaine sont fortement émetteurs de CO2. Le pôle secondaire d’Aix-en-Provence limite les émissions moyennes de ses résidents mais sur un périmètre limité autour de la ville d’Aix. Les ménages habitant en périphérie de cette ville utilisent beaucoup la voiture et parcourent de longues distances. Cette carte montre que les problèmes d’environnement liés aux fortes émissions de CO2 sont surtout localisés dans le territoire périurbain.

Nos travaux sur l’E.M.D de 2006 montrent également que la majeure partie des émissions de C02 concerne les déplacements non radiaux.

Tableau II-9 : émissions totales de CO2 réalisées quotidiennement par les lyonnais et distribuées selon le type de liaison
émissions de CO2 centre pôle (intra) pôle (inter) reste aire urbaine
centre 6,3% 9,5% 4,1%
pôle (intra) 9,4% 12,9% X 10,6%
pôle (inter) X 11,1%
reste aire urbaine 4,6% 10,6% 20,5%

Source : réalisation de l’auteur à partir de l’E.M.D de Lyon en 2006, pour les besoins de la thèse
Lecture (chiffre en gras) : 11,1 % de la totalité des émissions de CO2 concerne les liaisons entre les pôles

Environ 65 % des émissions de CO2 sont générées par des liaisons non radiales tandis que le reste concerne les déplacements radiaux ou à l’intérieur du centre-ville. Le tableau II-9 confirme la nécessité de développer sur le territoire périurbain des modes de transports alternatifs crédibles par rapport à la voiture.