4.2 Le processus théorique de formation des pôles secondaires

Le modèle monocentrique de la nouvelle économie urbaine a proposé un mode d’organisation spatial des firmes, des ménages et des agriculteurs au sein de l’espace urbain. On a vu en particulier que les coûts de transport y jouent un rôle décisif puisqu’ils sont à l’origine de rentes différentielles offertes par les différents agents dans l’espace urbain. C’est à celui qui propose la rente d’enchère la plus élevée qu’il appartient de s’approcher le plus du marché. Cependant, ce modèle n’explique pas l’émergence de pôles urbains en dehors du C.B.D (Central Business District). En effet, dans le modèle monocentrique, la localisation des activités et des emplois est exogène et située dans le C.B.D, au centre de la zone urbaine. Or beaucoup de villes présentent des structures urbaines polycentriques : les Edge Cities américaines en sont l’exemple le plus frappant (Garreau, 1991).

Ces structures particulières ont pour origine le desserrement des activités économiques lié à la suburbanisation de la population. En effet, l’augmentation des coûts de transport due à un éloignement excessif des ménages du C.B.D incite à une relocalisation pour ne pas avoir à supporter l’augmentation de salaire conséquente à l’augmentation des coûts de transport supportée par les employés (White, 1976). De plus, comme certaines firmes recherchent une proximité à la clientèle (commerces) ou une meilleure accessibilité routière pour permettre l’exportation de leurs produits à moindres coûts. Enfin, la présence de d’externalités négatives au centre tels que la congestion ou les prix élevés du foncier tendent à attirer certaines entreprises vers la périphérie (Alperovitch, Katz, 1988).

La nouvelle économie géographique va tenter d’expliquer l’émergence de formes urbaines polycentriques, suite à ce phénomène d’étalement des activités économiques. Il s’agit en fait de relâcher certaines hypothèses du modèle monocentrique trop contraignantes. Nous abordons dans cette partie les aspects théoriques de l’émergence de pôles secondaires et de la différenciation des pôles, en commençant par évoquer un aspect important de la théorie économique de l’agglomération : le processus d’auto-organisation.