4.2.b Les modèles de formation endogène des centres

Ces modèles mettent en jeu deux catégories d’agents : les firmes et les ménages. La proximité des firmes les unes par rapport aux autres augmente leur productivité du fait de la présence d’externalités d’information. Les firmes sont également soumises à une force de dispersion représentée par les coûts des migrations domicile-travail des employés. Ainsi, plus les firmes sont concentrées, plus elles devront supporter au travers des salaires versés aux travailleurs les coûts des déplacements liés au travail. L’augmentation de la rente foncière due à la concentration constitue également une force de dispersion. Les paramètres clés de ces modèles sont les coûts de transports t supportés par les travailleurs et la manière dont les coûts d’interaction croissent avec la distance. Supposons que le profit de la firme décroisse linéairement avec la distance, c'est-à-dire  Π = β – αd ij , avec Π le profit de l’entreprise, dij la distance entre deux firmes i et j et α le coefficient de décroissance du profit lié à l’éloignement entre les deux firmes (moins d’échanges informationnels). Les formes de configuration d’équilibre vont dépendre des valeurs du rapport α / t. Le modèle de Fujita et Ogawa (1982) montre que si les coûts de transports sont faibles, on aboutit à une configuration monocentrique. A l’inverse, si les coûts de transport sont suffisamment élevés, les entreprises décident de se localiser à proximité de leur main d’œuvre pour ne plus supporter les coûts de déplacements pendulaires des travailleurs. On obtient alors une configuration « totalement intégrée ».

On peut distinguer un autre cas où le profit des firmes décroît exponentiellement avec la distance, c'est-à-dire Π = βexp (-αd ij ). Dans ce cas, les firmes sont beaucoup plus sensibles à l’éloignement. Même si elles sont obligées de se délocaliser à cause des coûts de transports élevés, elles chercheront absolument à se regrouper avec celles qui sont le plus proches en périphérie. Il est possible d’aboutir, pour certaines valeurs des paramètres, à des configurations urbaines polycentriques comportant deux ou trois centres de taille et d’importance différentes. Fujita et Ogawa (1982) montrent en outre que plus la population augmente, et plus la probabilité d’obtenir des configurations urbaines polycentriques augmente. Ce modèle de formation endogène des centres secondaires montre l’importance de la croissance de la population et des coûts de transport dans la formation des pôles. Cependant, il ne s’attarde pas sur la nature des pôles constitués (les firmes sont toutes identiques dans le modèle). Or la recherche (Gaschet, 2001) a montré qu’ils pouvaient soit être spécialisés dans une activité particulière et être complémentaires du centre, soit diversifiés et en concurrence avec le centre.