1.3 Intérêts et limites de l’Enquête Ménages Déplacements

L’E.M.D est une importante source de données particulièrement adaptée pour la recherche de facteurs explicatifs de la mobilité. Cette dernière s’explique essentiellement par deux catégories de facteurs. La première catégorie relève des caractéristiques socio-économiques du ménage. Le niveau de vie (revenu), la situation d’activité (actif, retraité, étudiant,…), la catégorie professionnelle (cadres, techniciens, ouvriers) et la composition du ménage (famille, couple sans enfants, célibataire…) sont des forts déterminants des pratiques de mobilité. Ces informations sont présentes dans l’E.M.D au niveau du ménage ou de la personne et sont assez précises (à l’exception du revenu, nous y reviendrons). La deuxième catégorie relève des variables quantitatives qui décrivent l’environnement urbain du ménage telles que considérées dans la première partie de la thèse (densité, mixité, accessibilité, distance au centre, présence dans un pôle…). Bien que l’E.M.D ne comporte pas ces informations, elle renseigne néanmoins très précisément sur la localisation résidentielle du ménage, ainsi que sur les zones à l’origine et à la destination d’un déplacement. Le niveau de finesse du découpage géographique de l’enquête est important puisque l’aire d’enquête est subdivisée en 694 secteurs fins agrégés en 148 secteurs de tirage (composés chacun en moyenne de 75 ménages). L’utilisation d’un Système d’Information Géographique (S.I.G) permet de croiser les données de l’E.M.D avec des fonds de carte comportant des informations relatives à la forme urbaine pour ensuite les intégrer à l’E.M.D. La disponibilité des données à un niveau fin permet de décorréler l’effet des variables explicatives de la mobilité et d’établir des typologies de ménages ou de personnes pour cerner quels sont les comportements de mobilité des différents groupes sociaux. Enfin, l’E.M.D nous permet également de reconstituer finement des données sur les coûts des ménages consacrés à la mobilité urbaine.

Cependant, l’Enquête Ménages comporte certains défauts inhérents à la manière dont elle est construite. Premièrement, elle ne recense que la mobilité des personnes effectuée la veille du jour de l’enquête, c’est-à-dire la mobilité effectuée en semaine (que l’on appelle aussi « mobilité quotidienne »). De plus, seuls les déplacements effectués par les résidents à l’intérieur du périmètre d’enquête sont pris en compte. Par conséquent, les mobilités de week-end, de longue distance et en dehors de la zone d’enquête sont ignorées. Si nous avons pu reconstituer la mobilité de week-end en utilisant des données relatives à l’E.N.T (1994), nous ne prenons pas en compte la mobilité de longue distance. Nous montrons par la suite que par rapport au périmètre d’étude de l’E.M.D, c’est environ 35 % de la mobilité qui n’est pas pris en compte.