1.4.a Reconstitution de la mobilité urbaine à l’année pour le calcul des coûts variables de véhicules et les coûts des transports collectifs

L’enquête ménages ne renseigne que sur la mobilité quotidienne. Il a donc fallu reconstituer la mobilité des résidents le week-end. Les travaux de Caroline Gallez (2000) montrent que la mobilité en fin de semaine est très contrastée selon le statut socio-économique de la personne et sa localisation résidentielle. Nous avons donc établi des coefficients permettant de passer de la mobilité de semaine à la mobilité de week-end, en distinguant les personnes selon leur localisation et leur statut. En outre, la détermination de ces coefficients de passage est effectuée de manière différenciée suivant les modes. Ainsi, pour la voiture particulière, comme les coûts dépendent de la distance (carburant, entretien) et du nombre de déplacements, les coefficients de passage correspondent à des ratios de distances parcourues ou de nombre de déplacements un jour de semaine et un jour de week-end. Pour les transports collectifs, ils correspondent à un ratio entre le nombre de déplacements un jour de semaine et de week-end car les coûts ne dépendent globalement pas des distances parcourues. Ces coefficients de passages sont intégrés dans une formule qui permet de redresser la mobilité quotidienne au mois (Gallez, 2000) :

Mobmens = (9,49*α + 20,95) * Mobquot

Où α représente le coefficient de passage, le nombre 20,95 correspond au nombre moyen de jours ouvrables dans un mois et enfin le chiffre 9,49 correspond au nombre moyen de jours de week-end et de jours fériés. Concernant le stationnement payant, nous avons employé un coefficient de 4,74 au lieu de 9,49 car nous considérons que le stationnement est gratuit le dimanche (soit la moitié des jours de week-end dans le mois). Enfin, l’ensemble de ces coefficients ont été déduits de l’Enquête Nationale Transport de 1994 sur le périmètre des aires urbaines de plus de 300 000 habitants, selon un découpage en 3 couronnes pour les transports collectifs (rapport Ethel n°3, p.71-72) et un découpage en 4 couronnes pour la voiture particulière (utilisation du « carnet voiture » de l’E.N.T). Ces coefficients ont été calculés à partir de la mobilité quotidienne de semaine et de la mobilité de week-end, toutes deux recensées dans l’E.N.T. Ils correspondent au rapport entre la mobilité réalisée un jour de week-end par rapport à celle réalisée un jour de semaine, soit en termes de distances parcourues (voiture particulière), soit en termes de nombre de déplacements (transports collectifs).

Les tableaux IV-1, IV-2 et IV-3 présentent les valeurs des différents coefficients α pour reconstituer la mobilité mensuelle :

Tableau IV-1 : rapport entre les distances intra-urbaines parcourues au volant d'une voiture du ménage un jour moyen de week-end et un jour de semaine sur les aires urbaines de plus de 300 000 habitants
occupation centre couronne 1 couronne 2 couronne périurbaine
actif 0,67 0,62 0,63 0,63
chômeur 0,76 0,74 0,61 0,72
étudiant 0,41 0,75 0,82 0,72
au foyer 0,40 0,35 0,37 0,56
retraité 0,83 0,77 0,73 0,96

Source : traitements de P. Pochet à partir de l’E.N.T (1994) pour les besoins de cette thèse

Tableau IV-2 : rapport entre le nombre de déplacements intra-urbains parcourus au volant d'une voiture du ménage un jour moyen de week-end et un jour de semaine sur les aires urbaines de plus de 300 000 habitants
occupation centre couronne 1 couronne 2 couronne périurbaine
actif 0,92 0,79 0,59 0,63
chômeur 0,75 0,65 0,77 0,93
étudiant 0,67 0,94 1,40 0,60
au foyer 1,59 0,32 0,60 0,91
retraité 1,49 0,91 0,68 1,15

Source : traitements de P. Pochet à partir de l’E.N.T (1994) pour les besoins de cette thèse ; les chiffres en gras ne sont pas significatifs

Tableau IV-3 : rapport entre le nombre de déplacements intra-urbains en transports collectifs un jour moyen de week-end et un jour de semaine sur les aires urbaines de plus de 300 000 habitants
occupation centre couronne 1 couronne 2
actif 0,33 0,33 0,15
chômeur 0,37 0,00 0,00
étudiant 0,26 0,11 0,00
au foyer 0,95 1,77 0,00
retraité 0,50 0,10 0,44
scolaire 0,21 0,20 0,13

Source : traitements de P. Pochet à partir de l’E.N.T (1994) pour les besoins de cette thèse ; les chiffres en gras ne sont pas significatifs

D’une manière générale, on observe que les coefficients sont logiquement inférieurs à 1. En effet, les personnes se déplacent souvent moins le week-end, et pour plusieurs raisons : ils possèdent moins d’opportunités de déplacement (en transports collectifs notamment), ils ont moins d’activités contraintes liées au travail ou aux études et ils se déplacent plus souvent hors du périmètre couvert par l’E.M.D, ce que ne recense pas l’enquête. La mobilité locale ainsi reconstituée au mois a fait l’objet d’un redressement à l’année. Nous avons supposé que les ménages partaient en moyenne six semaines par an hors du périmètre d’étude (vacances et week-end) et avons donc multiplié par dix mois et demi la mobilité locale mensuelle. Ce redressement nous a permis de reconstituer certains coûts annuels (notamment les coûts de transports collectifs et les dépenses d’usage de la voiture particulière).

Cette méthode est évidemment approximative. Nous supposons que la mobilité se reproduit à l’identique pendant les cinq jours de semaine. Néanmoins, le nombre important de personnes enquêtées au sein des différents groupes sociaux permet d’obtenir des données agrégées relativement fiables. La mobilité de week-end est reconstituée à partir de coefficients déterminés avec l’E.N.T sur plusieurs aires urbaines de plus de 300 000 habitants. Non seulement les deux enquêtes (E.M.D et E.N.T) sont différentes mais de plus certaines aires urbaines de l’échantillon des plus de 300 000 habitants ne sont pas adaptées au contexte lyonnais.

De fait, les coûts et la mobilité annuels ainsi établis constituent des approximations. C’est pourquoi tout au long de notre travail, nous nous efforçons de conserver des échantillons suffisamment importants pour disposer de chiffres pertinents.