Résumés |
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L'ambition de ce travail est de proposer une définition précise du concept de paysage (Landschaft) en littérature, terme employé le plus souvent métaphoriquement, par analogie avec son paradigme pictural, et sans réelle acribie. Historiquement, l'analyse de ce concept ouvre une période qui s'étend du baroque au romantisme en passant par la Naturlvrik de l'époque des Lumières (Brockes, Haller, E. v. Kleist). Elle suit ainsi une évolution qui va de l'emblème jusqu'au paysage "intérieur", mode de représentation caractérisé par l'expression de correspondances symboliques entre un fragment du monde sensible et l'âme du spectateur. L'apparition de cette nouvelle forme de codification, non plus éthique ou rationnelle, comme dans la poésie baroque, mais essentiellement affective, témoigne d'une certaine cohérence dans l'évolution du concept de paysage littéraire au cours du XVIIIe siècle. La progression romantique à user des composantes plastiques du paysage comme autant de signes purs est illustrée par l'étude de textes de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle (Jean Paul, Tieck, Brentano, Novalis, Wackenroder, Eichendorff...). Le travail s'achève par la présentation de deux textes (un récit de Goethe et un extrait d'une nouvelle de Tieck) qui annonce le retour à une forme de représentation plus réaliste du paysage au XIXe siècle. Conçue à la fois comme diachronique (évolution du concept de paysage en littérature) et synchronique (mise en relation d'une image fragmentaire de la réalité sensible avec un "réseau" poétique ou narratif), cette étude permet non seulement de s'interroger sur le statut littéraire de l'image mais également d'aborder un domaine où se rejoignent analyse formelle, histoire des idées et dimension symbolique des textes. |
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The purpose of this work is to suggest a precise definition of the landscape concept in literature. This is a term used most ofter metaphorically, by analogy with its pictural paradigm, and without any précision. Historically, the analysis of this concept covers a period from the baroque to the romanticism passing through the Naturlyrik of the Light Years (Brockes, Haller, E. v. Kleist). Thus, it follows an evolution going from the emblem to this "interior" landscape, a kind of representation characterized by the expression of corresponding symbols between a fragment of sensitive world and the spectator's soul. The appearance of these new codes which are not more ethical or rational as in baroque poetry, but essentially emotional, shows a certain coherence in the evolution of the concept of literary landscape during the 18th century. The romantic ability to use these artistic potentials of the landscape as pure signs is illustrated in the study of texts from the end of the 18th century and the beginning of the 19th century (Jean Paul, Tieck, Brentano, Wackenroder, Eichendorff...). This work ends by the presentation of two texts (a narration of Goethe and an extract from a short story by Tieck) who talk of the return to a more realistic form of representation of the landscape during the 19th century. Simultaneously seen as diachronical (evolution of the concept of landscape in literature) and synchronical (the relationship of a fragmentary image of a sensitive reality with a poetic or narrative "network"), this study not only allows oneself to question the literary status of the image, but also to enter a field where formal analysis, history of beliefs and the symbolic dimension of texts appear. |
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