Résumés |
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Entre 1815 et 1870, les marchands de soie lyonnais reprennent des chemins de l'outre-mer que les intermèdes révolutionnaire et napoléonien les avaient contraints à délaisser. Jusqu'en 1860, coincées entre lacunes logistiques et faiblesses de la politique extérieure française d'une part, et crises économiques à répétition d'autre part ces retrouvailles oscillent constamment entre hésitation et accélération. Mais, les besoins, amplifiés par une crise de la pébrine que l'on ne parvient pas à éradiquer, sont tels que l'idée d'aller s'approvisionner directement en Chine s'impose finalement sans conteste. De la part des marchands de soie comme du Second Empire, tous les moyens sont alors mis en oeuvre pour établir des relations commerciales solides et durables. Grâce notamment au canal de Suez, à l'issue de cette période et de la crise de 1876, Lyon est belle et bien devenue le marché international des soies. Néanmoins, l'apogée est brève car l'étendue géographique, le nombre des agents et l'exceptionnelle exposition de la filière ainsi créée aux méfaits de la spéculation exposent celle-ci à de nombreux aléas. En Chine, l'étendue de la zone de collecte, le poids des superstitutions et les dangers liés au passage d'une agriculture traditionnellement polyvalente à une monoculture vouée à l'élevage du ver à soie ne permettent pas d'obtenir des approvisionnements répondant aux exigences d'une production de plus en plus mécanisée. Les crises de la fin du siècle portent un coup fatal à l'unité d'acteurs dont les intérêts divergent de plus en plus. Devant les choix qui s'imposent, sériciculteurs méridionaux et marchands de soie Lyonnais s'affrontent désormais violemment tandis que les banquiers orientent leurs placements vers des secteurs plus sûrs et plus lucratifs. Malgré quelques initiatives comme la Mission commerciale de 1895, face à la tâche à accomplir, le manque endémique de moyens et de politique ne permettent pas de profiter de l'opportunité que représente l'ouverture forcée de la Chine. L'embellie de l'immédiat après-guerre ne saurait faire longtemps illusion: l'axe Tokyo-New York remplace l'axe Shanghai-Marseille. Sur le marché nord-américain, les soieries lyonnaises sont supplantées par leurs concurrentes de toujours, les étoffes suisses et allemandes. Milan détrône une ville de Lyon qui entre-temps a réorienté ses efforts ver les marchés méditerranéens d'approvisionnement et l'Indochine. L'ouverture de la Bourse new-yorkaise de la soie en 1927 porte le coup ultime à une filière lyonnaise marginalisée qui n'alimente plus en matière première de choix qu'une Fabrique réduite à exploiter le créneau du luxe grâce à son savoir-faire séculaire. Fabricants, négociants, missionnaires, consuls: quatre-vingts années d'efforts se retrouvent réduites à néant. La soie naturelle a définitivement laissé la place à la soie artificielle... |
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Between 1815 et 1870, once the French revolution and the Napoleon wars episodes ended, Lyon's silk traders felt the need to return to Asia. But until 1860's, subject to repetitive economic crisis, to the weaknesses of the French Foreign policy, and to deficiencies in logistics, this reunion was constantly wavering between hesitations and accelerations. The needs, amplified by the pébrine calamity, which we were unable to eradicate, became so pressing that the idea of going to China to get provisions was well accepted. Silk traders obtained from the government of the Second Empire its support in order to concentrate their efforts to establish a lasting commercial relationship. The opening of the canal of Suez was an essential step, and by 1870, Lyon had become a major capital on the international silk market. This apogee was short-lived. Numerous problems appeared due to the wideness of the Geographic area covered by this business, to its exposition to speculation, and to the large number of agents required by this activity. All these factors contributed to unstabilize the exchanges. On the chinese ""front"", the situation was also delicate. They had to deal with the extensiveness of the collecting zones, the influence of the local beliefs and the difficulties linked to the passage of the traditional system of mixed farming to a monoculture exclusively devoted to silk growing. Obtaining the continous supplies needed for the more and more mecanised production was a feat. The crisis at the end of the 19th century put an end to the unity of the various protagonists. Faced with choices to make, sericulturists of the south of France and Lyon's silk traders were confronted to each other with opposing interests. Bankers abandoned them, prefering to invest in other sectors offering less risks and judged more profitable. In spite of a few iniciatives such as the commercial mission of 1895, Lyon was unable to fully size the opportunity offered by the break-up of China. The ""embellishment"" seen after the 1st world war could not conceal that the Tokyo-New York link was replacing the Shanghai-Marseille one. On the american market, Lyon's silks were suffering from the competition imposed by cheaper swiss and german fabrics of mixed composition. Lyon, being geographicaly disavantaged, was dethroned by Milan. The opening of the New York silk stock exchange in 1927 was fatal to Lyon's position. Their role was then confined to luxurious sectors. Manufacturers, wholesalers, consuls, missionaries: all their eighty years's worth of efforts were reduced to nothing. Natural silk had been replaced by artificial fabrics. |
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