Résumés |
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Cette recherche a pour objet l'étude des rapports sociaux entre les moines de Cluny et les hommes soumis à leur domination. Il s'agit de comprendre comment des moines, retirés du monde pour se consacrer à la prière, ont été conduits à exercer un pouvoir seigneurial, et comment ils se sont efforcés de prendre en charge l'ensemble de la société laïque pour la conduire vers le salut. La première partie (Xe-XIIe s.) vise à défnir les fondements de la domination monastique et les moyens mis en oeuvre pour l'exercer. On examine d'abord la naissance de la propriété clunisienne (terres, hommes, églises) et son statut spécial accordé par l'immunité et l'exemption. Ensuite, on observe comment les moines organisent leur domination en édifiant un réseau de lieux à partir desquels ils exercent leur pouvoir multiforme (prélèvement des rentes, justice, culte). La deuxième partie examine l'évolution des rapports sociaux dans le bourg de Cluny (XIIe-XVe). Les moines tentent d'inclure les bourgeois dans leur société idéale, qui n'est autre que l'Eglise. La communauté d'habitants n'a aucune légitimité hors de la sphère clunisienne; la fidelitas, lien reposant sur la croyance et la soumission, règle les rapports entre moines et bourgeois. Dès la deuxième moitié du XIIe s., ce rêve de société se heurte à une triple évolution qui le rend obsolète: le développemnt de la souveraineté royale, l'apparition dans les rouages de l'administration abbatiale des spécialistes du droit et de l'écrit, le développement des communautés paroissiales. Les habitants du bourg ne son plus simplement les fidèles de l'abbé mais les sujets du roi. Ils sont étroitement liés aux prêtres de leur paroisse qui prient pour leur salut. Ils entretiennent avec les officiers de la justice abbatiale des liens plus administratifs que fusionnels par l'intermédiaire de ses fonctionnaires. Au XVe s., l'inadéquation est désormais patente entre le rêve de société des moines et les aspirations des bourgeois. La domination abbatiale est toujours définie comme la seule légitime mais, dans la pratique, les fondements sur lesquels elle reposait aux XIe s., ont éclaté. |
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The aim of this research is to study the social relationships between the monks of Cluny and the people living under their lordship in the middle ages. The first part (Xth-XIIth cent.) defines the fondations of the monastic lordship and the way with which the monks exercise it. We first consider the birth of the cluniac property and the special status instituted by immunity and exemption. Then, we observe the network of places (loci) from which the monks exercise their multifaceted power (rents, justice, cult). The second part Xth-XVth cent.) examine the evolution of the social relationships in the town (burgus) of Cluny. There, the monks try to include the townsmen in the ideal society that they govern: the Church of Cluny. The community of inhabitants has no legitimity outside of the cluniac ideal sphere; the fidelitas -a social link based upon the belief and the submission- regulate the relationship between the monks and the townsmen. From the second half of the XIIth century, this "dream of society" clash with a triple evolution which makes it obsolete: the developpement of the royal sovereignty, the increasing weight of the legists and the specialists of the written work in the monastic administration and the developement of the parish communities. Then, the inhabitants of the town are not only the fideles of the monks but the subjects of the king of France. They are also closely tied to the priests of their parish who pray for their salvation. They entertain with the officiers of the monastic justice some more administrative than fusional ties. Henceforth in the XVth century, the inedaquacy is patent between the cluniac "dream of society" and the ambition of the townsmen. The monastic lordship is still defined as the only legitimate one but, in the facts, the fondations upon which she was based in the XIth century have splited up. |
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