Résumés |
fr |
Cette recherche a pour objet d'étudier et de comparer la signification du mot "air" (apparence, manière d'être) aux XVIIe et XXe siècles, et d'examiner la relation que ce mot entretient, dans chaque époque concernée, avec l'air qu'on respire. Le travail s'articule en deux grandes parties, la première étant consacrée à air-fluide gazeux et air-apparence, à partir des dictionnaires modernes, et la seconde à air-élément et air-manière d'être, dans la correspondance de madame de Sévigné. La méthodologie est à la fois philologique (on part d'exemples, de citations, de textes) et linguistique, avec une exploration systématique du contexte, qui va de l'approche distributionnelle au contexte large, et du contexte linguistique au savoir partagé qu'il contient. L'étude menée met en lumière d'importantes différences dans le fonctionnement du mot air d'une époque à l'autre. Au XVIIe siècle, le mot air-manière d'être appartient avant tout au domaine social et implique une évaluation normative. Il dénote à la fois la manière d'être collective et les différents aspects du sujet social (manière de vivre, manière d'être en société, manière de parler, manière de se mouvoir, manière de se tenir, manière de se présenter). La notion de groupe, dominante dans la signification de ce mot, favorise la jonction d'air-manière d'être avec air-élément. On passe aisément, en effet, par transfert métaphorique, de l'air d'un lieu à l'air d'un milieu social. Il n'en est pas de même au XXe siècle, où le mot air dénote avant tout l'apparence expressive et privilégie l'observation du sujet psychologique. On perd alors, avec la notion de groupe, le maillon de sens indispensable au traitement polysémique, et la disjonction homonymique d'air-fluide gazeux et d'air-apparence s'impose. Cette étude ouvre la voie à une réflexion plus vaste sur l'évolution des mentalités du XVIIe au XXe siècle, en même temps qu'elle montre l'intérêt, au plan linguistique, d'une approche dynamique et continue du sens lexical |
|