Résumés |
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Par le croisement des sources arabes et latines avec les résultats des prospections archéologiques, cette étude vise à éclairer les modalités territoriales du contact entre chrétienté et Islam sur la frontière castellano-andalusî. La difficulté de la démarche réside dans la marginalité des régions frontalières, oubliées par des textes généralement conçus dans les cercles du pouvoir central. De la prise de Tolède par Alphonse VI de Castille (1085) à la victoire chrétienne de Las Navas de Tolosa contre les Almohades (1212), le territoire entre Tage et Sierra Morena constitue une des zones de contact entre la chrétienne et l'islam. Cette situation frontalière provoque la déstructuration du peuplement et l'adaptation des activités économiques traditionnelles (agriculture, élevage et commerce) : elle suscite l'émergence de pratiques spécifiquement frontalières (razzia hôpital de rachat de captifs) et engendre une militarisation généralisée des activités et de l'architecture. L'approche comparée de l'organisation des pouvoirs (chrétienne et musulmane) permet de mettre en valeur des différences fondamentales dans l'administration et la défense des territoires frontaliers : du côté chrétien, importance de la seigneurie dans la structure socio-économique du territoire, rôle des ordres militaires et des concejos, force de la monarchie castillac, émergence de solidarités transversales entre les royaumes chrétiens (malgré la naissance de principautés indépendantes jouant sur leurs rivalités à la frontière de l'Islam) et, du côté musulman prise en charge étatique de la défense du territoire déconcentration et délégation du pouvoir aux gouverneurs provinciaux à l'époque almoravide, patrimonialisation des charges provinciales et centralisation sous les Almohades. L'analyse à différentes échelles permet d'intégrer cette région frontalière dans le cadre méditerranéen d'affrontement croissant entre chrétienté et Islam à l'époque des croisades, de la guerre sainte et du djihad. |
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Analysing both Arabic and Latin sources and archacological evidence, this thesis illuminates inter-territorial relations between Christendom and Islam in the border region between Castile and Andalus in the medieval period. The complexity of the task derives from the fact that the border region are generally ignored in the official texts. From the capture of Toledo by Alfonso VI (1085) to the Christian victory of Las Navas de Tolosa over the Almohads (1212), the territory between the Tagus and the Sierra Morena constitutes one of the zones of contact between Christendom and Islam. Its status as a border region destabilised the internal organisation of the settlement and modified traditional economic activities (agriculture sheep roaring and commerce) : it also gave rise to the emergence of specifically border activities (cross-border mincreased military activity with corresponding architectural changes. A comparative study of Christian and Muslim power structures reveals the fondamental differences in their respective administrations and border defence policies : on the Christian side the importance of lordship in the socio-economic administration of the territory the role played by the Military Orders and the Concejos, the strength of the monarchy, the emergence of interregional cooperation between the different kingdoms (despite the growth of independent principalities exploiting border rivalries in the regions bordernng Islam), and, on the Muslim side, the assumption by the state of territorial defence revolution and delegation of power to the provincial governors in the Amoravid period, the appropriation and consequent centralisation of provincial governmental functions by the Califal family, under the Almohads. Examining these questions from a variety of perspectives rais study clucidates the role of the Meseta region in the context of growing confrontation between Christendom and Islam in the Mediterranean region. |
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