Résumés |
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A l'instar de la " physiologie sociale " de Saint-Simon ou de la " sociologie " plus tardive d'Auguste Comte, la " science sociale " de Charles Fourier (1772-1837) ambitionnait d'introduire dans les études sociales la rigueur méthodologique des sciences dites " exactes ". Or, c'est cette ambition que les " réceptions " du fouriérisme, en particulier à partir de la distinction établie par Marx et Engels entre " socialisme utopique " et " socialisme scientifique ", ont servi à occulter : cette " tradition utopique " à laquelle Fourier fut finalement assimilé s'est construite en réalité par la stratification de processus successifs d'excommunication par lesquels les penseurs sociaux du XIXe siècle s'efforçaient d'exclure leurs concurrents hors du domaine de la science.
Pourtant, " l'intention " scientifique est explicite chez Fourier, et s'appuie sur l'emprunt aux mathématiques et aux sciences de la nature de leurs éléments constitutifs principaux, soit formels (idéologie de la découverte, mathématisation des énoncés, volonté systématique de classification des phénomènes sociaux…), soit plus " substantiels " : il y a dans les écrits de Fourier un véritable foisonnement analogique, puisqu'à l'emprunt connu de la notion d'attraction à Newton, se superposent d'autres métaphores, puisées dans la botanique, la musicologie ou la physiologie.
Mais essentiellement, cette " intention " scientifique s'appuie sur une " exigence expérimentale " : Fourier et ses disciples se sont d'abord efforcés d'infléchir la doctrine originelle de telle façon que ses énoncés puissent être soumis à l'expérience. Ensuite, ils tentèrent des " expérimentations sociales ", organisées soit par l'Ecole sociétaire, soit par des groupes fouriéristes dissidents : les " phalanstères " fouriéristes apparaissent alors comme autant de " laboratoires " privilégiés pour l'observation des ambitions d'une doctrine qui prétendait y articuler " science sociale " et volonté de transformation sociale. |
en |
Socialism, Utopia or Science? The "Social Science" of Charles Fourier and the Experiments of the Ecole Societaire in the 19th Century.
Following the example of the " social physiology " created by Saint-Simon or the later " sociology " of Auguste Comte, the " social science " of Charles Fourier (1772-1837) sought to introduce the methodological rigor of the exact sciences into social studies. However, the " receivers " of Fourierism helped to eclipse this very ambition, especially after the distinction was made by Marx and Engels between " utopian " and " scientific ". The " utopian tradition " with which Fourier was finally associated, was in fact built by a successive process of stratification. Indeed, 19th century social thinkers did their best to " excommunicate " their rivals from the realm of science.
Nevertheless, Fourier's scientific " intention " was explicit. He backed up his evidence by borrowing from the principal elements of the mathematics and the natural sciences these elements were either formal (a rhetoric of scientific discovery, mathematical statements, the systematic classification of social phenomena, etc.) or more " substantial " : there is an proliferation of analogies in Fourier's writings that superimposes on the borrowing from Newton's law of gravity other metaphors taken from botany, musicology or physiology.
But, basically, this scientific " intent " relies upon an " experimental requirement " : Fourier and his disciples endeavoured to shift the original doctrine in such a way that his statements could be subjected to experimentation. Afterwards, they attempted " social experiments " that were organised either by the Ecole Societaire or by groups of Fourierist dissidents. Their " phalanxes " thus may be regarded as prime " laboratories " for the study of a doctrine that tried to articulate " social science " and the will to transform society. |
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