Résumés |
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Dans un contexte politique extrêmement troublé, à l'intérieur comme à l'extérieur, fait de tensions entre les deux Cours devenues rivales, Claudien compose, dans les années 395-404, les invectives dirigées contre les ministres d'Arcadius, Rufin et Eutrope, qui ont fait l'objet d'une attention particulière de la part des critiques, parce qu'elles étaient directement liées à l'histoire. Toutefois, la verve de l'invective politique ne se limite pas à ces deux poèmes, elle concerne d'autres textes de Claudien qui n'ont pas été considérés comme appartenant à ce genre. Ainsi le poème contre Gildon, adversaire déclaré du régent Stilicon, des épigrammes variées, des lettres… Avec ces formes d'écriture, Claudien, par l'emploi du vers, par des œuvres dont l'enjeu est d'ordre national, historique, métaphysique et patriotique, réhabilite le genre de l'invective, tombé en désuétude, et le renouvelle en profondeur. Cette invective d'un type nouveau permet à l'imagination du poète de s'exprimer pleinement par l'insertion d'éléments appartenant à des genres littéraires différents, particulièrement l'épopée, la satire et le théâtre. Le mélange des genres, qui rejoint l'une des lignes esthétiques majeures de l'art du IVe siècle, entraîne, par la libération du potentiel de chacune de ces formes littéraires, une dénonciation plus efficace et surtout l'explosion de la violence. La violence qui envahit l'œuvre de Claudien n'est pas seulement liée à l'invective dont elle est une donnée inhérente. Elle est propre à Claudien et rencontre sa conception du monde, fondée sur une lutte titanesque entre les forces des ténèbres et celles de la lumière, toutes deux représentées à différents degrés d'interprétation, lutte qui prend une dimension symbolique où se lit la foi en l'avenir de Rome. De ce combat entre le Bien et le Mal naît une violence destructrice et négative qui inonde le monde. Mais Claudien refuse ce tragique et transforme cette violence en fascination sublime où se mêlent beauté et jubilation. Il y a donc une véritable esthétique de la violence, une recherche de sa beauté pour que surgisse le plaisir, un plaisir qui trouve sa source dans l'écriture profondément chromatique du poète, or et rouge. |
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During the years 395-404, a very troubled time inside and outside the Roman Empire, Claudian wrote his famous invectives against Arcadius's governement, In Eutropium and In Rufinum who drew attention form the critics because the poems were linked with the historical setting. But, those two poems were not the only way for Claudian to write a political invective, and many epigramms or letters and the unfinished poem concerning the Count of Africa, Gildo must be considered as invectives, even if they seem so much different. With those, the poet has created an another type of invective, an another way of writing invective, deeply renewing a dying literary form, by using verses and by considering the poem as a historical, national, metaphysical symbol. But the invective is also enriched by others literary genres such as epics, satire and comedy which allows the poet a free creation and makes the denunciation of the vices of the tyrants more powerful and striking. Consequently, violence is liberated and increases. Violence does not only follow from the genre of invective itself, but is reveals Claudian's way of thinking the world, based on the representation of the conflict between evil and good forces which are symbolised by different levels of interpretation. This conflict produces also a negative and destroying violence which surrounds the world. But Claudian refuses the fact that there is no issue to it and his poetic skilfulness changes this violence into beauty. |
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