| Résumés |
| fr |
A priori difficilement réconciliables, voire incompatibles, les modes satirique et homilétique se mêlent pourtant dans la grande entreprise d’assainissement et de réforme des mœurs qui caractérise le dix-huitième siècle. De cet enchevêtrement, Jonathan Swift (1667-1745) est sans doute l’un des écrivains les plus représentatifs. Satirique prolixe, il est aussi pasteur de l’église anglicane et auteur d’un nombre important de textes qui relèvent de l’apologétique anglicane. La question des liens entre satire et religion dans l’œuvre de Swift semble se ramener principalement à celle du traitement réservé à la religion et aux institutions religieuses dans les satires swiftiennes. Or une analyse de la question en ces termes conduit toujours plus ou moins à un évitement du texte. L’œuvre de Swift gagne en effet à être envisagée dans sa globalité, dans la mesure où , au-delà de considérations d’ordre générique, le positionnement rhétorique swiftien est toujours similaire : l’énonciation résulte d’une part de l’association d’une expression in propria persona et d’une persona, d’autre part de l’enchevêtrement, à des degrés divers, et selon des modalités différentes, des postures homilétique et satirique. C’est donc à un autre niveau qu’est ici envisagée la question des liens entre satire et religion dans l’œuvre swiftienne, au double niveau de l’imbrication des postures homilétique et satirique dans certains pamphlets sur la religion, ainsi que dans cette œuvre hors normes qu’est A Tale of a Tub, et du recours à une persona dans les sermons. |
| en |
Although they are a priori hard, if not impossible, to reconcile, the satiric and homiletic modes intermingle in the great endeavour to reform morals which is characteristic of the 18th century. Jonathan Swift (1667-1745) is probably the most representative writer of this intertwinement. He is a prolific satirist as well as Anglican minister and the author of a large number of texts that belong to Anglican apologetics. The issue of the links between satire and religion in Swift’s works seems to boil down to how religion and religious institutions are dealt with in his satires. Yet investigating the issue in those terms always leads more or less to bypassing the text. It is more productive to envisage Swift’s works as a whole inasmuch as, beyond purely generic considerations, the author’s rhetorical stance is always the same: it is the product of the combination of in propria persona expression and the use of a persona on the one hand, and on the other hand the intertwining of the homiletic and satiric postures in varying degrees and modes of association. The issue of the links between satire and religion in Swift’s works is therefore analysed here both at the level of how the homiletic and satiric postures interweave in some pamphlets on religion as well as in the unique Tale of a Tube, and at the level of how a persona comes into play in the sermons. |
|
