Résumés |
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L’étude des délibérations consulaires permet de cerner pratiques et représentations culturelles propres aux conseillers lyonnais. Au début du XVe, ils sont unis face aux troubles du temps, et s’affirment en tentant de neutraliser tout autre pouvoir (celui de l’archevêque, de la population). Ceci correspond à une rhétorique particulière, celle de la parole contrôlée au sein du consulat comme dans les assemblées ; les conseillers soignent aussi leurs écrits, constitutifs de la mémoire urbaine. Dans la seconde moitié du siècle, plus prospère, la belle union se fissure, l’image du consulat se fait moins lisse, la réforme de 1447 témoigne de tensions masquées. Marchands et juristes s’opposent et cherchent à promouvoir chacun leur vision de la politique, c’est le temps de la parole discordante et réformatrice, la fin de l’unanimité. Les registres tentent de limiter ces dissonances en entretenant une vision cohérente du consulat. Le début du XVIe siècle est un tournant. Bien que le consulat connaisse des difficultés dues à l’absentéisme des conseillers, ceux-ci souhaitent exister en tant qu’acteurs indépendants de la vie politique : c’est le temps de la parole libérée et individualiste. Les débats des assemblées se théâtralisent, la légitimité de la parole se trouve associée à la maîtrise de l’éloquence. Mais les individus n’ont gagné la parole que pour mieux perdre leur pouvoir d’action. Le consulat se ferme, les tensions éclatent entre l’oligarchie consulaire et ceux qui aspirent à y entrer. Sortis vainqueurs de leur querelle avec les artisans, les conseillers et leur conception du pouvoir ne sont plus remis en cause, du moins jusqu’à la « grande Rebeyne » de 1529. |
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Studying the consular minute books from Lyon is a means to get a better understanding of cultural practices and representations of the city councillors. At the beginning of the 15th century, they come together and face troubles as they try to rule over the challenging powers of the archbishop and of the population. This period has its own rhetoric, one in which words are controlled, both in consulate and in the popular meetings. Moreover, the councillors care for urban memory, so they polish their writings. In the second half of the century, a wealthier time, their unity is stalling: the 1447 reform reveals hidden tensions. Merchants and lawmen confront one another, each of these groups seeking to force their political vision: it is a time of discord and reform. The minute books, playing down those troubles, keep up an ideal image of the consulate. The beginning of the 16th century is a turning-point. Although the consulate has trouble dealing with the absence of the councillors, the latter emerge as independent actors of the political life. Mastering eloquence becomes essential to get the right of speech, and debates tend to be more theatrical. The freedom of speech for individuals in the meeting is nevertheless a loss of their personal political power. The consulate belongs to few families, which provokes jealousies in those who try to enter the council. After councillors won their trial against the so-called craftsmen, their power and their way to rule the city are no longer challenged, at least until the “grande Rebeyne” in 1529. |
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