Résumés |
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Les recherches portant sur l’opium en Chine ont jusqu’ici privilégié l'étude de l'offre, c'est-à-dire la production et la distribution, par rapport à celle de la demande. A contrario, et sans négliger l’aspect politique de la question, qui fournit un cadre contraignant pour la consommation d’opium, cette thèse met davantage l'accent sur l'aspect concret et matériel de celle-ci à Canton.De 1912 à 1937, les autorités qui se succèdent à Canton adoptent des politiques très différentes vis-à-vis de la question de l’opium. La tendance générale, en accord avec le contexte national, se caractérise par un relâchement progressif des efforts prohibitionnistes. A partir de 1923, le pouvoir politique se résout à contrôler et organiser de la façon la plus lucrative possible les circuits de la drogue, expérimentant différents systèmes qui mêlent affermage et bureaucratisation. La consommation d’opium à Canton ne cause pas les ravages terribles que décrivent souvent certains contemporains hostiles à la drogue. Les fumeries, loin d’être toutes des repaires sinistres peuplés d’individus louches, sont souvent des lieux de sociabilité agréables. La proportion de fumeurs parmi la population totale, orientée à la baisse, apparaît modeste, puisqu’elle se monte à moins de 4 %. L’habileté de la propagande anti-opium, qui insiste astucieusement depuis les années 1920 sur les liens entre pauvreté et consommation d’opium, contribue à expliquer un processus de marginalisation sociale des fumeurs. Ce dernier se traduit en particulier par le fait que les catégories les plus favorisées de la population ainsi que les jeunes gens se détournent de la drogue. |
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The supply side (production and distribution), as opposed to the demand, has been until now the main focus of scholarly research on the question of opium in China. Without neglecting the political dimension which, of course, remains important in that it defines the conditions of legal opium smoking, the main concern of this dissertation is the material and concrete aspects of opium consumption in Republican Canton.Between 1912 and 1937, the different authorities in charge of the city adopted a wide variety of strategies to deal with the opium question. The global trend, however, in full harmony with the national context, was that of a gradual softening of prohibition measures. From 1923 onwards, political power-holders decided to foster control of the system of opium in order to derive maximum profits from its exploitation. For this purpose, they experimented various ways of regulation combining farming out and direct state-control. Whereas contemporary witnesses who strongly opposed opium smoking wrote indictments of the opium situation of the time, the actual situation was not so appalling. Opium houses were not necessarily halls of fame patronized by gangsters, but on the contrary places of intensive social life. The smokers amounted to only a low proportion of less than 4 % of the population, with a clear downward trend. In the 1920s and 1930s, anti-opium propaganda aptly associated opium smoking with poverty. As a consequence, the smokers were increasingly taken into a process of social exclusion. An expression of this process was the gradual desertion of opium smoking by young people and upper classes. |
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