Résumés |
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Le problème de la naturalisation de l’esprit consiste à déterminer si l’esprit peut-être expliqué dans les termes d’un langage emprunté à la physique, la biologie, la chimie, l’informatique, les neurosciences, … Naturaliser l’esprit semble au premier abord la seule façon de résoudre le paradoxe qu’impose l’argument de la clôture causale à la psychologie ; comment dans un monde a priori physique peut-il y avoir des états mentaux comme des croyances, des émotions,… qui sont non physiques, mais qui ont une efficacité causale sur le monde physique ?Si nous acceptons la psychologie comme une discipline à ne pas éliminer au profit des neurosciences, et si parallèlement nous acceptons la pertinence des neurosciences à expliquer l’esprit, nous ne pouvons qu’admettre une forme de dualisme, que nous nommons dualisme explicatif ou dualisme des lois. Dans ce cadre, il nous faut donc résoudre la question suivante : comment peut-on passer d’un système matériel à une forme d’esprit, c'est-à-dire comment peut-il exister dans un monde physique, des phénomènes mentaux ?La robotique et les machines sont à ce titre, un cadre de travail intéressant. En effet, ce sont des systèmes matériels dans lesquels on aimerait produire une forme d’intelligence comparable du moins sur le plan des performances cognitives à l’homme. Notre approche sera ontologique, car nous allons nous intéresser aux conditions d’existence de ces systèmes et non à leur finalité. Nous remarquons que l’ontologie des machines a évolué : nous sommes passés d’une vision mécanique (automate), à des machines logiques (ordinateur) et prochainement à des machines dites naturelles (neurocomputeur, machine moléculaire, ordinateur quantique, …). Implicitement, le recours à la machine comme modèle explicatif de l’homme est passé d’une hypothèse matérialiste (thèse de l’Homme-Machine), à une hypothèse fonctionnelle (thèse de l’Homme-Ordinateur) et actuellement à une hypothèse biologique de l’homme (thèse de l’Homme-Neuronal).L’apparition des machines dites naturelles, en particulier des neurocomputeurs, donne un nouveau sens aux tentatives de réduction de l’esprit sur le matériel. Supposons qu’il existe un neurocomputeur, ou un neurorobot, pourra-t-on dire qu’il possède des états mentaux ? C'est-à-dire, est-ce que l’emploi de composant dit naturel suffit à expliquer l’esprit ? Si on accepte la thèse de l’identité, on pourrait répondre par l’affirmative. Le problème de cette thèse est qu’elle recourt à une forme affaiblie de l’argument du divin et donc elle ne peut expliquer pourquoi on observe que l’homme a une psychologie. À l’opposé, les arguments anti-réductionnistes peuvent être aussi tous réfutés au nom du principe de la clôture causale du monde physique (un phénomène physique ne peut avoir qu’une cause physique, i.e. si je lève le bras pour prendre un stylo, la cause de ce mouvement ne peut qu’être due à l’activité d’un réseau de neurones et pas à une intention).La seule position qui nous semble soutenable est celle de l’anature de l’esprit, c'est-à-dire d’une rupture qualitative entre le monde biologie et celui de la psychologie, d’une séparation entre des lois matérialistes et des lois psychologiques. Pour prouver ce concept, nous montrons qu’il existe une forme particulière de machine (les antimachines ou machines polymorphes), qui tout en étant basée sur des réseaux de neurones, produit une forme de physique particulière. C'est-à-dire que nous admettons que la thèse de la Machine-Esprit peut résoudre le problème de la naturalisation de l’esprit, mais en étant seulement un modèle explicatif des circonstances déterminantes de l’esprit et uniquement cela (ce n’est donc pas une tentative de réduction de la psychologie sur des lois machinales).Finalement, nous proposons de ne pas naturaliser l’esprit dans le cadre des modèles explicatifs actuels, mais de naturaliser l’esprit dans une forme nouvelle de physique. Nous admettons ainsi que l’esprit serait une structure idéaliste ayant émergé dans notre univers. |
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The problem of the naturalization of mind lies in determining whether the mind can be explained in the terms of a language borrowed from physics, biology, chemistry, computer science, neurosciences, etc. To naturalize the mind seems, at first hand, to be the only way of solving the paradox that the argument of the causal closure imposes to psychology: how can there be, in a presumably physical world, mental states like beliefs, emotions, etc. that are not physical, but have a causal efficacy on the physical world?If we accept psychology as a discipline not to be cast away in favor of the neurosciences to explain the mind, and if in parallel we accept the relevance of the neurosciences to explain the mind, we can only admit a form of dualism that we shall call explanatory dualism or dualism of laws. Within this framework, therefore, we have to solve the following question: how is it possible to shift from a material (physical) system to a form of mind, namely how can mental phenomena exist in a physical world?Robotics and machines offer, from this angle, a relevant work setting (environment). They are indeed material systems in which one would like to produce a form of intelligence similar to man, at least at the level of cognitive performance. Our approach will be ontological for we shall focus our interest on the conditions of existence of these systems and not on their finality. We observe that the ontology of machines has changed: it moved from a mechanical vision (automaton) to logical machines (computer), and soon to so-called natural machines (neurocomputer, molecular machine, quantum computer, etc.). Implicitly, resorting to machines as explanatory models of man has shifted to a materialist hypothesis (thesis of the Man-Machine), to a functional hypothesis (thesis of the Man-Computer) and presently to a biological hypothesis of man (thesis of the Neuronal-Man).The development of so-called natural machines, especially neurocomputers, gives a new sense to the attempts to reduce mind to the material (world). Let us assume there exists a neurocomputer, or a robot. Shall we saiy that it enjoys mental states? In other words, does the use of so-called natural components suffice to explain the mind? If we accept the thesis of identity, a positive answer would be conceivable. The issue with this thesis is that it relies on a diluted form of the argument of the divine and, therefore, it cannot explain why it can be observed that man has a psychology. On the opposite, the anti-reductionist arguments can also all be refuted in the name of the principle of the causal closure of the physical world (a physical phenomenon can only have a physical cause, i.e. if I raise my hand to pick a pencil, the cause of the movement can only be due to the activity of a network of neurons and not to an intention).For us the only position that can be defended seems to be that of the anature of mind, namely that of a qualitative split (rupture, break, disjuncture) between the biological world and that of psychology, a separation between materialist laws and psychological laws. To prove this concept, we establish that there exists a particular form of machine (the antimachines) that, while based on networks of neurons, produce a particular form of physics. In other words, we admit that the thesis of the Machine-Mind can solve the problem of naturalization of mind, but by being only an explanatory model of the determining circumstances of the mind and only that (thus it is not an attempt to reduce psychology to mechanial laws).Finally, we propose not to naturalize the mind within the framework of the present explanatory models, but to naturalize the mind within a new form of physics. Thus we admit that the mind is an idealist structure that would have emerged in our universe. |
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