Résumés |
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La fin de la Guerre civile, qui a vu la victoire du camp antirépublicain, et l'installation pérenne du général Franco à la tête d'un gouvernement personnel et autoritaire ont signifié la mainmise du pouvoir sur la production cinématographique issue de la réalité. Pourtant, et malgré le monopole exercé par les actualités officielles appelées NO-DO (Noticiarios y Documentales Cinematográficos), productrices également de films documentaires, un cinéma se penchant de façon singulière sur la réalité a existé. Des regards à l'écart du paysage monolithique et uniforme qu'imposait la dictature ont émergé, dès les années cinquante, et n'ont cessé de s'affirmer tout au long de ces longues années de privations de liberté. Le but de cette thèse, qui prend appui sur un corpus serré et hétérogène d'onze films documentaires, réalisés sur près de vingt-cinq années, est de mettre en évidence des réalisations non institutionnelles qui, si elles ne sont pas l'œuvre de cinéastes antifranquistes, n'en demeurent pas moins des créations personnelles s'écartant, ne serait-ce que de façon minime, du regard étroit des autorités officielles. Nous avons conçu ce corpus et mesuré cet écart en nous fondant sur les concepts philosophiques de déterritorialisation et de reterritorialisation des travaux de Gilles Deleuze et de Félix Guattari. Leur conception de la société nous a permis d'envisager la question du corps comme lieu de devenir en dépit des déterminismes historiques et culturels à l'œuvre dans l'Espagne franquiste. La réalité du corps, dans les regards des cinéastes de notre corpus, dessine un champ dynamique et insolite qui parcourt la géographie nationale et témoigne d'une vigueur du cinéma documentaire dans un paysage contraint par la censure. |
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The antirepublican's victory at the end of the Spanish Civil War and the long-lasting installation of general Franco at the head of a personal and authoritarian government led to the power's takeover of the non-fiction film production. Nevertheless, and in spite of the monopoly exercised by the official news called NO-DO (Noticiario y Documentales Cinematográficos), which also produced documentary films, a cinema looking into reality in a singular way existed. Away from the monolithic and uniform landscape imposed by the dictatorship, different ways of seeing appeared, as early as the fifties, and did not stop asserting themselves throughout these long years deprived of freedom. This thesis takes support on a tight and heterogeneous corpus of eleven documentary films realized during about twenty five years. The purpose is to bring to light non-institutional realizations which, although not necessarily antifranquist filmmakers' work, nonetheless remain personal creations deviating, even sometimes slightly, from the narrow vision of the official authorities. We designed this corpus and measured this deviating distance with the help of the deterritorialisation and reterritorialisation philosophical concepts as they are exposed in Gilles Deleuze's and Félix Guattari's works. Their conception of the society allowed us to consider the question of the body as center of "becoming", in spite of the historical and cultural determinism under the Franquist regime. The reality of the body, in our corpus's filmmakers' visions, draws a dynamic and unusual field which wanders through the national geography and testifies of the documentary cinema's vigour in a landscape restrained by the censorship. |
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