Résumés |
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Introduction : Cette thèse est une description phonologique et grammaticale de l’ikposso uwi, langue de la famille kwa, du phylum Niger-Congo. Elle est parlée au Togo par la population akposso, située dans la Région des Plateaux et comptant environ 150 000 personnes. Cette langue se divise en six dialectes : le logbo, l’uma, l’uwi, le litimé, l’ikponou et l’amou-oblo. Le corpus sur lequel se base cette étude est constitué (i) de 36 textes narratifs, (ii) de phrases élicitées à partir de livres d’images, (iii) du lexique issu de ces données, (iv) ainsi que de phrases d’élicitation libres, généralement en rapport avec les textes. La langue de travail et de traduction a toujours été le français.Phonologie et tonologie : La phonologie segmentale de l’ikposso uwi (chap. 1) est relativement simple. Les schèmes syllabiques sont peu nombreux et peu complexes. La principale caractéristique de la phonologie segmentale est l’harmonisation vocalique, avec un système à 10 voyelles. L’ikposso est une langue tonale (chap. 2). Les tons sont essentiels au niveau lexical mais supportent aussi des informations grammaticales. Il y a quatre tons ponctuels en uwi.Morphologie : Le nom et le syntagme nominal sont étudiés dans le chap. 3. La morphologie nominale est peu développée, contrairement à la morphologie verbale qui est très riche. Les adpositions font l’objet du chap. 4 et les pronoms celui du chap. 5. Les autres catégories de mots sont répertoriées dans le chap. 6. La morphologie verbale est beaucoup plus complexe que la morphologie nominale, avec de nombreux auxiliaires et préfixes de personne et d’aspect (chap. 7). Ce chapitre montre la richesse du système aspectuel.Syntaxe : L’ikposso est une langue avec un ordre des mots relativement fixe, SVOX.Cette caractéristique est toutefois en évolution, comme le montrent les constructions sérielles avec le verbe yɔ̄‘prendre’ (chap. 13) qui conduisent à un ordre des mots SOVX dans certains contextes discursifs. Le chap. 8 présente les différents types énonciatifs de phrases ainsi que les prédicats non verbaux. Le chap. 9 décrit le système de transitivité et de valence de la langue. Les changements de valence ne sont généralement pas marqués morphologiquement. La grammaticalisation du pronom comitatif de 3ème personne du singulier fàconstitue de ce point de vue une exception, puisqu’il permet d’obtenir une construction transitive-causative à partir de verbes habituellement utilisés intransitivement. L’ikposso utilise massivement les constructions sérielles. La syntaxe et les types de constructions sérielles sont étudiés dans le chapitre 10. Le verbe dʊ́‘se trouver, mettre’ (chap. 11) est l’un des verbes positionnels les plus fréquents du fait de sa relative neutralité de sens. Il a également une utilisation très riche en tant que V2 de constructions sérielles et se trouve, selon les contextes, en voie de grammaticalisation ou de lexicalisation. Le verbe ká‘donner’ (chap. 12) est en voie de grammaticalisation en tant que V2 de constructions sérielles qu’on peut reconnaître globalement comme des constructions sérielles datives. Le verbe yɔ̄ ‘prendre’ (chap. 13) est à la base de constructions sérielles qui tendent à modifier l’ordre des constituants de SVO à SOV dans certains contextes discursifs. Du point de vue de la valence du verbe, il est en voie de grammaticalisation puisqu’il introduit l’objet du verbe, ou bien représente cet objet sur le verbe dans le cas de sa forme liée yɔ̄-. Le chap. 14 regroupe les autres verbes fréquents ne faisant pas l’objet d’un chap. dédié. Parmi ceux-ci, il faut malgré tout citer lɛ́‘être, se trouver’, utilisé comme copule, bá‘venir’ et ɣā‘aller’ utilisés comme déictiques, tʊ̄ ‘venir de’ en voie de grammaticalisation aboutissant à une locution prépositionnelle, et bā‘excéder’ utilisé dans les constructions sérielles comparatives. Le chap. 15 analyse les phrases complexes de la langue. Les phrases complétives sont sans doute les plus intéressantes, avec l’utilisation de formes no- 2 minalisées de prédicats verbaux et avec l’utilisation du quotatif nʊ̄, plus généralement marqueur de discours rapporté. Enfin, le chap. 16 montre la structure informationnelle de la langue. Je me suis surtout intéressée au marquage morphologique de cette structure, mais une analyse plus fine des phénomènes pourrait sans doute montrer que cette structure est plus complexe que ce que son marquage strict ne laisse penser. |
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Introduction : This thesis is a phonological and grammatical description of Ikposo Uwi, language of the phylum Niger-Congo and Kwa family. It is spoken in Togo by the people Akposso, about 150 000 people that live in the Région des Plateaux. This language divides itself into six dialects : Logbo, Uma, Uwi, Litimé, Ikponou and Amou-Oblo. The study relies on a corpus composed of (i) 36 narratives, (ii) elicitedsentences from picture books, (iii) the lexicon build on these data, (iv) and elicited sentences, generally in connection with the texts. The language used during work session and for translation has always been French.Phonology et tonology : The segmental phonology of Ikposo Uwi (Chapter 1) is quite simple. There are few syllabic schemes and they are not complex. The main characteristic is vocalic harmony, with a 10 vowel system.Ikposo is a tonal language (Chapter 2). Tones are very important on a lexical level, but they encode grammatical informations too. There are four level tones in the Uwi dialect.Morphologie : Nouns and nominal phrases are studied in Chapter 3. Nominal morphology is not very much developed, on the contrary to the rich verbal morphology, with auxiliaries, person index and aspectual prefixes (Chapter 7). Adpositions are studied in Chapter 4 and pronouns in Chapter 5. The other categories are identified in Chapter 6.Syntaxe : The word order is quite rigid : SVOX. This feature is however evolving, as we can see with the yɔ̄ serial verb construction (Chapter 13) that lead to a SOVX word order in some specific discursive contexts.Chapter 8 presents the different enunciative sentence types as well as non verbal predicates.Chapter 9 describes the transitivity and valency system of the language. Modifications in the argument structure are generally not morphologically marked. The only exception is the grammaticalization of 3rd person singular commitative pronoun fà : it makes a transitive-causative construction out fromverbs usually found in intransitive constructions. Ikposo uses massively serial verb constructions. Syntax and types of Ikposo’s serial verb constructions are studied in Chapter 10.The verb dʊ́‘to be at, to put’ (Chapter 11) is one of the most frequent positional verbs, due to its broad meaning. It is also used a lot as V2 in serial verb constructions : with this function dʊ́ undergoes either a grammaticalization process or a lexicalization process. The verb ká‘to give’ (Chapter 12), as V2 of serial verb constructions, undergoes a grammaticalization process, with a global dative meaning.The verb yɔ̄‘to take’ (Chapter 13) is used in serial verb constructions that tend to modify the word order of the arguments from SVO to SOV in some discursive contexts. yɔ̄introduces the object of the main verb or represents it on the main verb. In the latter case, the grammaticalized verb is prefixed yɔ̄-.Chapter 14 gathers the other frequent verbs that do not have a dedicated chapter. Among them, we find lɛ́‘to be, to be at’ used as a copula, bá‘to come’ and ɣā‘to go’ used as deictic verbs, tʊ̄‘to come from’ that grammaticalizes into a prepositional locution, and bā ‘to exceed’ used in comparative serial verbconstructions. Chapter 15 analyses the complex sentences of Ikposo. Among them, completivesare probably the most interesting. They are from two types : build with nominalized verbal predicates or with the quotative nʊ̄, more generally marker of reported speech.Finally, Chapter 16 shows the information structure of the language. I mostly studied the morphological markers of that structure, but a deeper analysis should show that the structure is more complex that these markers let think. |
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