Résumés |
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La discipline scolaire, versant peu valorisé de l'activité pédagogique, apparaît pourtant comme une préoccupation essentielle chez les enseignants. L'analyse des modalités d'imposition de l'ordre à l'école primaire est menée ici en considérant le rapport pédagogique comme entreprise de moralisation en même temps que d'instruction. Une approche socio-historique de la discipline et des disciplines scolaires ainsi que la convocation de théories sociologiques sur la question du pouvoir (E. Durkheim, M. Weber, M. Foucault, N. Elias) nous amènent à définir la discipline à l'école primaire comme étant la soumission de l'enfant à des règles impersonnelles dont la dimension contraignante traverse l'ensemble de l'acte pédagogique. A partir de là, l'analyse comparative de cinq configurations (deux écoles "non novatrices", une école Montessori, une école Freinet, la Maison des Trois Espaces) permet d'éclairer différentes modalités par lesquelles l'ordre s'exerce à l'école primaire aujourd'hui. Il apparaît notamment que la dimension contraignante de la forme scolaire ne disparaît pas, même lorsque les idéologies pédagogiques insistent sur la constitution d'un comportement autonome : il s'agit plutôt d'une redéfinition des modalités d'exercice du pouvoir par lesquelles la règle va être imposée à l'enfant. Ensuite, chacune des configurations valorise un mode d'exercice du pouvoir différent face auquel les enfants développent une attitude plus ou moins appropriée. Les difficultés rencontrées par certains élèves pour s'orienter dans une configuration peuvent s'interpréter comme autant d'incompréhensions face au mode d'imposition de l'ordre scolaire transversal à la "discipline" et aux "disciplines". Par exemple, certains élèves sont tellement étrangers au mode de relation valorisé dans leur configuration qu'ils adoptent des pratiques contradictoires avec une attitude "autonome" : ils ont besoin de repères, d'objectifs immédiats et d'un rappel constant des règles. |
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The school discipline, an aspect of the educational activity barely highlighted, still appears to be a major concern among teachers. An analysis of the modalities of imposing order in primary school is proposed here, considering the educational relationship as both a moralisation and an instruction enterprise. A socio-historical approach of the discipline and the school disciplines, as well as sociological theories about the issue of power (E. Durkeim, M. Weber, M. Foucault, N. Elias), leads to define the primary school discipline as the child submission to impersonal rules which constraining dimension can be found in a transversal way in the whole educational action. From this perspective, the comparative analysis of five configurations (two "standard" schools, a Montessory School, a Freinet School, la Maison des Trois Espaces) shed light on different modalities by which the order is exerced in primary schools nowadays. It appears notably that the constraining dimension of the school form does not disappear, even when the educational ideologies emphasise the constitution of an autonomous behaviour : it redefinition of the modality of power exercice by whith the rule is imposed to the child. Next, each of the configurations highlight a different mode of power exercice with which the children cope by developing a more or less appropriate attitude. The difficulties encountered by some students to orient themselves within one configuration can be interpreted as incomprehension of the mode of imposing the school order transerval to the "discipline" and to the "disciplines". For example, some students are so much beside the mode of relationship highlighted in their configuration that they use behaviours contradictory with an "autonomous" attitude : they require landmarks, immediate objectives and a permanent recall of the rules. |
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