Résumés |
fr |
Cette recherche sur la pédagogie de la lecture part d'une expérience de lecturisation dans un petit collège rural. Deux échantillons de lycéens sont opposés. Le premier, composé d'élèves qui ont participé à cette expérience, le second, d'élèves qui ont connu une autre approche de l'écrit lors de leur passage à ce niveau d'enseignement. Il s'agit d'abord de distinguer parmi les trente jeunes interrogés ceux qui sont les "lecteurs" et ceux qui ne le sont pas, les "liseurs". Cette opposition lecteur-liseur, qui s'observe aussi dans la diachronie, permet de dépasser la polysémie du mot "lecture". Le lecteur dispose d'un habitus lectoral souvent imposé par lente imprégnation dans un milieu socio-culturel où l'écrit fait sens. La compétence technique, celle qui autorise la lecture rapide de textes longs, s'est alors acquise à travers une pratique de lecture qui semble "naturelle". Les autres ont à construire cet habitus. L'école peut-elle les aider? Le récit de pratiques lectorales de ces lycéens s'appuie sur leur dernière lecture. Croisée avec les réponses à un questionnaire et un test de lecture, l'analyse de leurs propos permet non seulement de repérer les lecteurs et les liseurs, mais aussi de remonter par induction à l'habitus. Ce travail sur l'habitus lectoral, présente des limites et l'école ne peut compenser le "handicap" de ceux qui ne vivent pas déjà dans la culture du scriptible. Les résultats observés incitent à resserrer le lien entre pratiques pédagogiques et horizon théorique. La politique de lecturisation pourrait se concevoir comme une praxis pédagogique. L'élève, encouragé à produire de l'écrit, aidé à théoriser une production fécondée par des lectures, entrerait dans une culture du désir de lire, non pensée comme une fin en soi, mais comme un moyen pour conquérir son autonomie. Cette pédagogie de la lecture implique une redéfinition du rôle et de la formation du professeur de français. |
en |
This research about pedagogy of reading started from an expérience in a little rural comprehensive school. Two samples of high school pupils have been compared. The first one made up with pupils who have taken part in this experience, the second one with pupils who have known another method when they were at this level of teaching. The problem was first to distinguish among the thirty interrogated pupils the ones who are real readers "lecteurs" and those who only can decipher, "liseurs". This opposition "lecteur"-"liseur", which can be studied also in the diachrony, permits to pass beyond the polysemy of the word "reading". The reader disposes of a habitus of reading often imposed by a slow impregnation in a sociocultural class where writing makes sense. The technical competence, the one which allows the fast reading of long texts has been acquired through a reading practice which seems innate. The other ones must build this habitus. Can school help them? The account of the reading practices of these pupils depends on the last book they read. Arranged with the answers about a questionnaire and a test of reading, the analysis of their answers allows not only to identify the "lecteurs" and the "liseurs" but also to go back by induction to the habitus. This important work on the habitus of reading presents limits and school can't make up for the "handicap" of the ones who don't already live in a writing culture. The observed effects incite to contract the connection between the pedagogical practices and the theory. The politic of literacy could be conceived like a pedagogical praxis. The pupil would be encouraged to produce writing and he would be fed by his readings. In this way the pupil would go into a culture of the need for reading not thought like a purpose but like a mean to win his autonomy. This pedagogy of reading implies another definition of the role and the education of the French teacher. |
|