Résumés |
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Mon travail de thèse est une interrogation sur la production sociale et culturelle de la Transylvanie, catégorie fortement symbolique en Roumanie. Ce territoire-frontière, multiethnique et multiconfessionnel, représente depuis plus de deux siècles une question sensible et controversée entre les élites roumaines et hongroises de Transylvanie, et parfois même entre l’Etat roumain et hongrois.Mon intérêt porte plus particulièrement sur la ville de Cluj-Napoca, considérée comme la capitale historique de la Transylvanie. En m’appuyant sur une analyse des pratiques muséales, des politiques d’aménagement du centre-ville, sur une analyse d’une fête locale ou bien des actions de la sphère associative de la ville, j’ai pu interroger des usages et des lectures différentes, voire exclusives, de la Transylvanie, qui relèvent d’une forte compétition entre les élites sur la scène publique. En plus d’offrir un regard sur les mécanismes d’ethnicisation des élites à travers ce processus de partage symbolique de la Transylvanie, cette étude m’a permis d’observer que la complexité des relations de cohabitation et des manières de concevoir le territoire s’exprimaient aujourd’hui à Cluj à travers une tension permanente entre trois types de situation : le repli ethnique ou l’enfermement identitaire, la coexistence (ou la « tolérance sans interférence ») et la coproduction (la négociation). La construction sociale et symbolique de la Transylvanie est analysée aussi bien dans un cadre national que transnational et européen. Je montre comment que l’Europe constitue un moteur des phénomènes de recomposition sociale, culturelle et territoriale émergents en Transylvanie. |
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My thesis examines the social and cultural production of Transylvania, a matter of considerable symbolic import in Romania. For over two centuries this multiethnic, multiconfessional border territory has been a sensitive issue and a source of controversy between its Romanian and Hungarian elites, and also, sometimes, between the Romanian and Hungarian governments. My special focus is on the city of Cluj-Napoca, regarded as Transylvania's historical capital. Via an analysis of museum practice, city-centre development policies, a local festival and the activities of community associations, I have been able to examine different – and sometimes mutually exclusive – uses and readings of Transylvania, revelatory of real competition between elites in the public sphere. In addition to providing a view of the mechanics of ethnicisation of elites via the process of symbolic sharing of Transylvania, this study has enabled the observation that the complexity of the relationships involved in living together and of ways of conceiving the territory is currently finding expression in a permanent tension between three kinds of situation: ethnic withdrawal or identitarian isolationism, coexistence (or "tolerance without interference") and coproduction (negotiation). The social and symbolic construction of Transylvania is analysed in national, transnational and European terms. I shall also show how Europe functions as a motor for the phenomena of social, cultural and territorial recomposition now emerging in Transylvania. |
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