Résumés |
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Le respect pour les détails chez Giraudoux, que beaucoup de critiques de l'entre-deux-guerres appellent « préciosité », s’explique par le fait que sa conscience narratrice prend en charge autant de mémoires du monde que possible. Toutefois, ces détails ne sont pas compatibles avec la norme traditionnelle de la composition dramatique car ils causent l’insertion de traits « épiques » au sens szondien dans le drame. Ils sont largement éliminés lors des débuts de Giraudoux par l’adaptation théâtrale de son roman, Siegfried et le Limousin. Pourtant, ils réapparaissent au fur et à mesure dans le théâtre de Giraudoux ; ce qui provoque la dislocation du dialogue et l’apparition d’autres formes énonciatives telles que dialogue de sourds, commentaire, monologue, soliloque et cause l’émergence du « sujet épique » comme dans le cas du Mendiant d’Électre et de l’Illusionniste d’Ondine. Cette apparition graduelle de la narrativité se joint aux réflexions sur le rapport entre le réel et l’irréel dans le théâtre et le goût à la machinerie théâtrale chez Jouvet et fait avancer le renouvellement de la dramaturgie normative. La protagoniste de La Folle de Chaillot, pièce pothume, est une forme équivalente au « moi » narratif qui englobe l’univers cosmique de Giraudoux. La pièce se révèle comme confluence de trois « écritures » : dramatique, romanesque et scénique à la suite de l’analyse de discours prononcés par des protagonistes de la pièce à la lumière d’une partie de l’esthétique théâtrale du Nô. Le style dit « précieux » est ainsi une grande disponibilité. Grâce à son émergence dans le texte, des différents genres artistiques s’y réconcilient et y sont reliés avec un nouveau rapport. |
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Giraudoux’s attention to details, often considered as preciosity among interwar critics, finds its ground in his narrative awareness assuming the actual world’s remembrance up to the highest possible extent. However, those details are not quite compatible with the traditional standard of dramatic composition in the sense they make up szondian « epical features ». Thus, those features are widely censored in Giraudoux’s debuts in theatrical adaptation with his novel Siegfried et le Limousin.Nonetheless, some of it reappear along in Giraudoux’s theater, generating a dialogical dismemberment and the apparition of other forms of discourse such as the dialogue of the deaf, commentary, soliloquy, which promote the rising of an “epical character”. This gradual apparition of narrativity adds up to reflections on reality and unreality in theatre, and Jouvet’s taste for theatrical machinery has improved normative dramaturgy. Characters in La Folle de Chaillot, a posthumous play, is thus an equivalent to the “narrative self” embracing Giraudoux’s cosmology. The play reveals itself as the merging between three kinds of writing: drama, novel and theatre in the wake of the discursive analysis enounced by the play’s characters, partly in the light of Nô’s theatrical aesthetics.The so-called “precious” style thus provides a huge availability. Thanks to its rising up within Giroudoux’s text itself, different artistic genres thus reconcile and get linked under a new relation. |
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