Résumés |
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Marguerite Duras est la somme de toutes les réceptions qu’on lui a faites au fil du temps. Comme le suggérait l’Ecole de Constance dans les années 70, l’étude d’une œuvre littéraire doit s’éloigner de l’herméneutique traditionnelle en faveur de l’approche de la figure du lecteur et du triangle auteur-œuvre-lecteur. En affirmant ceci, on reconnaît au lecteur le rôle incontestable qu’il a dans la vie et la mort d’une œuvre et d’un nom d’écrivain. On peut ainsi mieux comprendre l’étiquette d’écrivain « difficile, impudique », fascinant, aimé, détesté etc. attribuée à Marguerite Duras, ainsi que le caractère en permanence partagé entre adulation et phobie des opinions critiques à son égard. Duras est un écrivain qui aime diviser son lectorat, mais qui vit grâce à une relation ininterrompue qu’elle établit avec son public. Pour dresser le portrait du lecteur durassien, il faut commencer par la figure de l’écrivain elle-même, telle qu’elle se révèle à travers les éléments paratextuels. On retient ainsi que la réalité immédiate (l’Histoire) et l’art de l’affabulation, de la suggestion, de l’ambiguïté composent la double face du mythe de Marguerite Duras et constituent le fondement de la construction identitaire de l’écrivain. On apprend aussi que Duras aime transgresser les lois de l’écriture littéraire et journalistique et qu’elle aime se mettre en scène elle-même dans l’univers médiatique. L’étude des articles de presse écrits à l’occasion de la parution des livres durassiens dévoile un rapport très tendu entre l’écrivain et la critique journalistique, dès les années 50 jusqu’à la mort de Marguerite Duras en 1996. La confiance exagérée que Duras affiche en son quasi-génie, le Goncourt de 1984 et la fréquence de la présence télévisuelle des années 80 font de l’écrivain un vrai spectacle médiatique qui agace et éblouit à la fois. Enfin, ce rapport tendu et ambivalent entre l’écrivain et la critique est particulièrement visible chez les détracteurs et les adulateurs dans des « effets de lecture » inédits. Il s’agit dans cette perspective des récits-hommages dédiés à Duras par Bernard Sarrut, Dominique Noguez, Enrique Vila-Matas etc., des textes appartenant à l’écriture imitative (les parodies de Patrick Rambaud), de la richesse biographique qui existe au nom de cet écrivain (sept biographies et bio-récits), sans oublier les gestes éreinteurs, telles les caricatures ou la supercherie éditoriale « Margot ou l’important ». Tous ces éléments sont importants, car ils témoignent de l’intérêt que le lecteur prête au fil du temps à l’œuvre de cet écrivain aimé et détesté à la fois, qui aime à son tour séduire et troubler son lectorat. |
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Marguerite Duras represents the sum of all the ways her work was received over time.As suggested by the School of Constance in the 70', the study of a litterary work must deviate from traditional hermeneutics in the purpose of approaching the figure of the reader and the triangle author-work-reader. By stating this, the reader is recognized the role that has no doubt in a work and a writer's name life and death. We can better understand the writer tag as « difficult, shameless », fascinating, loved and hated etc. assigned to Marguerite Duras as well as the character of chritical views against her constantly shared between adulation and phobia. Duras is a writer who likes to divide her readership, but who lives through an uninterrupted relationship she establishes with her audience. In order to draw the portrait of the Durassian reader, one must take into account the writer's figure itself first, as revealed through the paratextual elements. Thus we retain that the immediate reality (the History) and the art of the invention, the suggestion, the ambiguity compose the double face of Marguerite Duras myth and constitute the writer's foundation of the identity construction. We also learn that Duras likes transgressing the laws of literary and journalistic writing and that she likes directing her own works in the media world.The study of newspaper articles written on the occasion of the publication of the Durassian books reveals a very tense relationship between the writer and the journalistic criticism since the 50's until Marguerite Duras's death en 1996. The confidence that Duras exagageretly displays in her quasi genius , the 1984 Goncourt and the frequent presence on TV during the 80's transform the writer in a real media show that annoys and dazzles at the same time. Finally, this tense and ambivalent relationship between the writer and her critics is particularly visible in the astonishing detractors and fans « reading effects ». In this perspective we can take into account the tribute stories dedicated to Duras by Bernard Sarrut, Dominique Noguez, Enrique Vila-Matas and so on, texts belonging to imitative writing (Patrick Rimbaud's parodies), biographical richness concerning this writer (seven biographies and biographical novels), without mentioning the exhausting acts such as mokeries or the editorial trickery « Margot or the important ». All these elements are important, because they reflect the interest that readers have always taken in this writer's work, writer loved and hated at the same time who also likes to seduce and trouble her readership. |
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